top of page

Chronique d’un glissement idéologique : l’identité nationale à l’épreuve du discours religieux

  • cfda47
  • 13 juil.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 juil.

ree

À l’occasion du 63ᵉ anniversaire de l’indépendance, la déclaration du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youcef Belmahdi, marque un tournant inquiétant dans la relecture idéologique de l’histoire algérienne. Loin d’un simple dérapage, elle s’inscrit dans une stratégie assumée, destinée à flatter une mouvance identitaire bien identifiée : la Bandissia-novembria.


Ce type de propos n’est pas sans rappeler ceux du tristement célèbre Belghit, dont la tentative de négation de l’amazighité avait conduit à une condamnation pénale. Pourtant, aucun rappel à l’ordre ne semble se profiler pour Belmahdi. Car sa sortie, bien qu'historiquement bancale, semble calibrée pour satisfaire les sphères de pouvoir conservateur.


La Révolution algérienne : rupture historique avec les zaouïas

L’indépendance algérienne est l’œuvre de militants engagés, conscients de la nécessité du combat politique et armé. Le Front de libération nationale (FLN), dans son effort de clarification, avait décidé de fermer les zaouïas pendant la guerre, considérées comme espaces de neutralité voire d’opposition passive. Le Congrès de la Soummam en 1956 avait tranché : la Révolution n’était ni religieuse ni ethnique.


Elle était une insurrection contre une domination coloniale. Loin des lieux de culte, la conscience politique s’est forgée dans le sang, les larmes et le refus de toute aliénation.


L’histoire falsifiée au service d’un dogme

Associer l’Algérie millénaire à Okba Ibn Nafi ou Abou al-Mouhajir Dinar, conquérants arabo-musulmans du VIIᵉ siècle, relève d’une mystification calculée. Okba n’est pas un ancêtre — il est un conquérant. Ce glissement historique participe d’une volonté d’effacement symbolique au profit d’une mythologie importée. L’histoire de cette terre est celle d’Aksil, de Jugurtha, de Dihya, de Massinissa, de Saint Augustin… Une terre envahie, certes, mais jamais assimilée. Elle a toujours résisté.


L’histoire n’est pas un marché d’idéologie

Choisir ses ancêtres à la carte, selon les dogmes dominants, est une offense à la rigueur historique. Si l’on suit la logique du ministre, pourquoi ne pas revendiquer aussi la filiation avec le général Massu ou le pacha turc ? L’histoire mérite mieux que cette instrumentalisation identitaire. Elle demande honnêteté, rigueur et respect des faits. Car au fond, falsifier l’histoire, c’est éroder le socle sur lequel repose toute conscience nationale.


Quand la foi devient outil de domination

Dans de nombreuses sociétés contemporaines, la religion ne se limite plus à une quête spirituelle ou à une pratique intime : elle devient un levier politique, un marqueur identitaire imposé, parfois au détriment de la pluralité culturelle et historique. En Algérie, comme ailleurs, certains discours officiels tendent à réécrire l’histoire nationale à travers une grille religieuse étroite, effaçant les racines amazighes, africaines et méditerranéennes au profit d’une filiation mythifiée avec la péninsule Arabique.


Cette instrumentalisation de la foi participe d’une confiscation identitaire, où l’État ou ses représentants cherchent à redéfinir les contours de la nation selon des dogmes religieux dominants. Ce phénomène soulève des questions fondamentales : peut-on imposer une identité religieuse à une nation plurielle ? Et jusqu’où peut aller le pouvoir dans sa tentative de modeler la mémoire collective ?



Yacine M



Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page