De Bugeaud à Retailleau : un débat pour briser le déni colonial
- cfda47
- 26 sept.
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À l’heure où les tensions mémorielles entre la France et l’Algérie refont surface, une rencontre publique intitulée « La France et l’Algérie, de Bugeaud à Retailleau » se tiendra le vendredi 3 octobre à 20h, en visioconférence. Organisé par l’Association pour l’Histoire Coloniale et Post-Coloniale, ce débat vise à interroger les continuités idéologiques entre les figures du maréchal Bugeaud, artisan de la conquête sanglante de l’Algérie, et Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, dont les propos récents sur l’immigration et l’identité nationale ont ravivé les critiques sur une résurgence du discours colonial.
L’objectif est clair : mettre en lumière les résonances politiques actuelles des doctrines coloniales, et interroger les tentatives de réhabilitation du colonialisme dans le discours public. Les organisateurs dénoncent un « déni national persistant » et appellent à une reconnaissance pleine et entière des crimes coloniaux.
« Ce débat n’est pas une commémoration, c’est une mise à nu des continuités idéologiques qui traversent les siècles », affirme Alain Ruscio.
Une polémique comme déclencheur
Ce débat s’inscrit dans le sillage d’une vive controverse déclenchée par le journaliste Jean-Michel Aphatie. En évoquant les massacres coloniaux en Algérie comme comparables à celui d’Oradour-sur-Glane, il a déclaré :
« La France a massacré, tué, appauvri l’Algérie pendant 130 ans. »
Ces propos, tenus en direct sur Europe 1, ont provoqué une onde de choc dans le paysage médiatique français, menant à sa mise à l’écart de l’antenne. Mais ils ont aussi libéré une parole longtemps étouffée sur les crimes coloniaux et le refus persistant de les reconnaître comme tels.
Deux figures, une même violence symbolique
Le débat du 3 octobre mettra en parallèle deux figures emblématiques : Thomas-Robert Bugeaud, gouverneur général de l’Algérie au XIXe siècle, connu pour ses campagnes de répression brutales, ses enfumades de grottes et sa doctrine de la terre brûlée. Bruno Retailleau, ministre actuel, dont les prises de position sur l’Algérie, les immigrés et la « décivilisation » sont perçues par de nombreux observateurs comme une réactivation contemporaine du mythe de « l’Algérie française ».
Les historiens Alain Ruscio et Fabrice Riceputi, spécialistes du colonial et membres du collectif histoirecoloniale.net, animeront cette rencontre interactive, accessible sur Zoom sur inscription libre.
Une confrontation entre passé et présent
Ce débat vise à éclairer les prolongements politiques actuels des doctrines coloniales, en révélant comment certaines rhétoriques contemporaines réactivent des logiques de domination héritées du passé. Les intervenants entendent déconstruire les tentatives de réhabilitation du colonialisme dans l’espace public, et dénoncent un déni national toujours vivace. Ils appellent à une reconnaissance sans équivoque des violences coloniales, comme condition nécessaire à une mémoire partagée et à une justice historique.
Une mémoire toujours en lutte
La rencontre du 3 octobre s’inscrit dans une série d’initiatives citoyennes visant à réhabiliter la mémoire des victimes du colonialisme et à déconstruire les récits dominants. Elle intervient dans un contexte où les archives militaires restent partiellement inaccessibles, où les manuels scolaires minimisent les violences coloniales, et où les figures de la conquête sont encore honorées dans l’espace public.
Vers une mobilisation transnationale
Au-delà du débat intellectuel, les organisateurs espèrent susciter une mobilisation transnationale autour de la mémoire coloniale, en lien avec les luttes pour la justice, la vérité et la réparation. Des collectifs algériens, antillais et africains sont invités à participer, dans une logique de convergence des mémoires.
Nadia B



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