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De la baie d’Alger à Ibiza : le sort de sept adolescents relance le dialogue migratoire algéro-espagnol

  • cfda47
  • il y a 3 jours
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 21 heures

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Sept adolescents algériens arrivés à Ibiza début septembre après une traversée clandestine sont au centre d’un rare moment de convergence entre Alger et Madrid. Leur possible rapatriement devient le symbole d’un dialogue migratoire renoué entre les deux rives.  


Ils sont sept, âgés de quatorze à dix-sept ans. Ils ont quitté la baie d’Alger, un matin de septembre, sur un petit bateau de plaisance emprunté ou loué à la hâte. Neuf heures plus tard, ils accostaient à Ibiza, épuisés mais vivants, filmant leur arrivée avec un téléphone. Leurs rires, leurs visages, leurs cris de victoire -“Spain !”-ont traversé la Méditerranée et les réseaux sociaux, provoquant en Algérie une onde de stupeur et d’émotion.  


Depuis, les adolescents sont hébergés dans un centre d’accueil pour mineurs non accompagnés sur l’île espagnole. La loi espagnole leur accorde une protection temporaire, mais leur sort reste suspendu à une décision de justice. Le gouvernement algérien, par la voix du ministre de l’Intérieur et des Transports, Saïd Sayoud, affirme avoir transmis “tous les dossiers demandés par la justice espagnole” et attend une réponse favorable à sa demande de rapatriement.  


Cette affaire, devenue symbole, s’est invitée au cœur de la visite à Alger du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. Les deux responsables ont annoncé la relance du protocole de coopération migratoire entre leurs pays, gelé depuis la crise diplomatique de 2022.  

Mais sous les mots mesurés des communiqués, on devine surtout une inquiétude partagée : celle de voir une jeunesse continuer à prendre la mer, loin des discours et des frontières qu’on prétend maîtriser.  


Car ces sept garçons ne sont pas une exception. Ils sont les visages d’un mouvement plus large, celui d’une jeunesse qui prend la mer faute d’avenir. En Algérie, on les appelle les harraga; ceux qui “brûlent” les frontières. Leur geste dit le désespoir, mais aussi la lucidité : dans les quartiers populaires d’Oran, de Mostaganem ou d’Alger, l’Europe n’est plus un rêve lointain, c’est une trajectoire. Les parents, souvent impuissants, oscillent entre peur et compréhension.  


En Espagne, leur arrivée a rouvert un débat ancien sur l’accueil des mineurs étrangers. Les autorités locales, déjà débordées, plaident pour un partage des responsabilités au niveau européen. Mais la loi est claire : aucun enfant ne peut être renvoyé sans l’assurance qu’il retrouvera un cadre familial et une protection. La coopération avec Alger devient donc une condition essentielle pour tout retour.  


Pour les deux gouvernements, cette affaire offre l’occasion d’un réajustement. Elle permet à l’Espagne de traiter la question migratoire dans un cadre légal et diplomatique, et à l’Algérie de montrer qu’elle assume sa part de responsabilité.  


Ainsi, ces sept jeunes, partis un matin avec un moteur fragile et une mer capricieuse, auront peut-être sans le vouloir contribué à rouvrir un canal de discussion entre deux rives longtemps opposées. Leur voyage, arraché à l’enfance, continue d’interroger les sociétés qu’ils relient- l’une qui fuit, l’autre qui accueille, toutes deux traversées par les mêmes inégalités.  

 

Sophie K.  

 
 
 

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