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Elle sauve 45 orphelins des conséquences tragiques des massacres du 8 mai 1945: l’histoire de «Kheira la rouge»

Dans un acte de courage et de compassion, Kheira, une militante dévouée d’Oran, a marqué l’histoire en sauvant 45 orphelins des conséquences tragiques des massacres du 8 mai 1945. Au péril de sa propre vie, elle a orchestré une opération de sauvetage audacieuse pour transporter ces enfants innocents de Sétif, Guelma et Kherratta à Oran.


Les orphelins, témoins des horreurs inimaginables et privés de leurs familles, ont trouvé une lueur d’espoir grâce à l’intervention de Kheira. Avec une détermination sans faille, elle a navigué à travers les obstacles et les dangers pour les amener en sécurité dans la ville d’Oran, où des familles d’accueil les attendaient avec des bras ouverts.


Dans un élan de solidarité qui restera gravé dans l’histoire, Kheira Belgaid, plus connue sous le nom de Bendaoud, nom de sa mère ou affectueusement surnommée “Kheira la rouge” par ses camarades du mouvement national du PPA-MTLD, a orchestré un périple salvateur pour 45 orphelins traumatisés par les massacres de Sétif.


Avec une détermination inébranlable, elle a guidé ces enfants à travers un voyage périlleux en train, de Sétif à Alger, puis vers Oran. Leur arrivée à Oran fut célébrée avec éclat, les enfants étant chaleureusement accueillis à la “Madrasset El Fallah”, une institution éducative renommée de Madina Jedida, sous l’égide du respecté cheikh Said El Djamoussi.


Les actions de Kheira Bent Bendaoud n’ont pas échappé à l’attention. Bien au contraire, ils ont rapidement attiré l’œil scrutateur de l’administration coloniale. Accusée d’activités subversives, elle a été incarcérée sans tarder.


Son exil forcé l’a conduite à Alger où elle a été assignée à résidence surveillée dans le quartier historique de la Casbah, sous la stricte surveillance du gouverneur d’Alger.


Malgré ces circonstances, elle a courageusement continué à communiquer avec ses proches collaborateurs, dont Mohamed Achouri fidèle à Kheira, il venait la voir tous les jours pour l’informer des nouvelles d’Oran, témoignant ainsi de son indéfectible loyauté envers elle.


Kheira Bent Bendaoud a enduré avec peine l’éloignement de ses êtres chers, de ses compagnons et de sa ville natale, une séparation qui a eu un impact délétère sur sa santé, laquelle s’est détériorée au fil du temps.


Alarmés par son état précaire, ses amis ont intercédé auprès d’un officier supérieur de l’armée française, plaidant pour son transfert à Oran pour des motifs humanitaires. Leur requête fut exaucée, et Kheira fut reconduite à Oran, bien que toujours sous étroite surveillance.


Ce n’est qu’après de longues années de réclusion qu’elle retrouva la liberté. De retour chez elle dans le quartier de Saint-Antoine, elle s’éteignit en solitude en 1961, son décès n’étant constaté que deux jours après. À l’âge de 63 ans, elle a quitté ce monde, laissant derrière elle un héritage de bravoure. Elle repose paisiblement depuis lors dans le modeste cimetière de Sidi-El-Hasni.


PS : Kheira est née à Oran en 1898, fille des familles Belgaid et Bendaoud, et amie de Setti Ould Kadi.


Ces lignées oranaises, les Belgaid, Bendaoud et Ould Kadi, étaient au XIXe siècle des familles terriennes de haute noblesse, possédant de vastes domaines agricoles en Oranie et composées de Caïd, Agha et Bachagha.


Kheira Belgaid et Setti Ould Kadi se sont distinguées dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, ce qui leur a valu d’être emprisonnées. Kheira a choisi de rester célibataire toute sa vie.


Vers la fin de ses jours, entourée de femmes chez son amie Setti Ould Kadi, elle exprima une requête mémorable : « Je suis seule dans la vie, n’oubliez pas de venir visiter ma tombe après ma mort ».


Malgré son impact, aucun monument à Oran ne porte aujourd’hui son nom.


Yacine M

 

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