France/Algérie: Gabriel Attal dénonce l’accord migratoire et veut mettre fin à la «rente mémorielle»
- cfda47
- 11 janv.
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L’ancien Premier ministre Français, Gabriel Attal, remet sur la table l’accord franco-algérien de 1968, pour « poser les limites et assumer le rapport de force avec l’Algérie », et dénonce l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le renvoi par l’Algérie d’un influenceur algérien expulsé quelques heures plus tôt de France, et « les provocations et les insultes des hiérarques du régime algérien » .
La tension entre la France et l'Algérie s'intensifie, avec des appels à dénoncer les accords de 1968 entre les deux pays. Révisés en 1985, 1994 et 2001, ils ont été initialement signés le 27 décembre 1968, alors que les deux pays coopéraient dans le cadre de l’indépendance obtenue de l’Algérie en 1962 à la suite des accords d’Évian. Ces accords sont relatifs à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles. Ils leur attribuent un régime spécifique, différent de celui des autres ressortissants étrangers. La contestation de ces accords ne date pas d’hier.
Une série d’événements ont envenimé dernièrement les relations entre la France et l'Algérie, attisée par la querelle autour des influenceurs algériens, s’ajoutant au contentieux sur le Sahara occidental et à l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal. L’ex-Premier ministre Français Gabriel Attal, appelle à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, pour « poser les limites et assumer le rapport de force avec l’Algérie ».
Dans une tribune au Figaro , il dénonce notamment l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le renvoi par l’Algérie d’un influenceur algérien expulsé quelques heures plus tôt de France, et « les provocations et les insultes des hiérarques du régime algérien ».
L’accord de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de séjour et d’emploi en France, « est aujourd’hui devenu une filière d’immigration à part entière, permettant le regroupement familial et l’installation de personnes, sans même qu’elles aient à connaître notre langue ou montrer leur intégration », accuse Gabriel Attal, qui estime que remettre en cause cet accord est « une première urgence ».
« Il rend pratiquement impossible de retirer des titres de séjour aux ressortissants algériens, même pour des motifs d’ordre public »
Face au régime algérien qui « balaie toutes nos mains tendues et ne cesse de tester notre pays », « l’heure de la fermeté a sonné », écrit l'ancien Premier Ministre et patron de Renaissance, dénonçant par la même occasion, l’arrestation en Algérie de Boualem Sansal.
« Ce n’est pas seulement Boualem Sansal qui est pris en otage, c’est la France ... Il est temps de se débarrasser des procès en culpabilisation »
Gabriel Attal estime qu'« Il est temps de se débarrasser des procès en culpabilisation et de la rente mémorielle », et que sa génération, qui « n’a pas vécu l’Algérie française, la guerre d’Algérie ou la décolonisation », constitue « une opportunité historique pour établir une relation normale, dépassionnée ».
« La France doit poser des limites et assumer le rapport de force. La France est une grande puissance, qu’on n’intimide pas et qu’on ne provoque pas sans conséquence »
Outre la remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968, l'ex Premier Ministre réclame de « réduire le nombre de visas accordés » et de « pénaliser les hiérarques qui profitent de nos largesses », en revenant sur un autre accord de 2007, qui « permet à tous les détenteurs de passeports diplomatiques algériens de venir et circuler librement et sans contrainte en France ». Enfin, « l’arme commerciale peut être un outil très utile », menace-t-il, souhaitant des discussions au niveau européen pour, « s’il le faut, augmenter des tarifs douaniers avec l’Algérie ».
Hier, Vendredi, le président du Rassemblement National Jordan Bardella a demandé à son tour, que les accords de 1968 soient « remis en cause ». Mais que contiennent-ils ?

« L’entrée des Algériens en France est facilitée », indique clairement le ministère de l’Intérieur sur son site Internet. « Le droit commun ne leur est pas appliqué », précise au quotidien français Le Parisien, Me Mervé Erol, avocate au Barreau de Paris spécialisée en droit des étrangers. Concrètement, les ressortissants algériens n’ont pas besoin d’un visa pour un séjour de plus de trois mois pour séjourner en France, mais d’un « certificat de résidence ». Ils sont attribués pour des raisons privées, familiales, d’études ou professionnelles. Ce certificat permet d’aller et venir librement entre la France et l’Algérie durant sa validité, d’au moins un an.
« Les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les ressortissants d’autres États à la délivrance d’un titre de séjour valable 10 ans », ajoute la place Beauvau. Ils peuvent en faire la demande après avoir passé trois ans de séjour sur le sol français, alors que le droit commun en prévoit cinq pour les autres ressortissants étrangers. « Mais ils sont perdants sur d’autres points », nuance Me Mervé Erol, citant des mesures « désavantageuses » pour les étudiants algériens.
« Il s’agit d’un accord entre les deux pays, ce qui signifie que si l’Algérie ne veut pas revenir dessus, alors il ne se passera rien », avance Me Mervé Erol. « Tant qu’il n’y a pas de progrès sur les relations diplomatiques, rien ne changera d’un point de vue juridique. »
Yacine. M
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