top of page

La Cour suprême, dernier recours pour le journaliste français Christophe Gleizes

  • cfda47
  • il y a 4 heures
  • 2 min de lecture
ree

Condamné à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme", le reporter français a saisi la Cour suprême algérienne. Une ultime tentative pour faire annuler une décision qui a stupéfié ses défenseurs.  


Christophe Gleizes, emprisonné depuis mai dernier en Algérie, a déposé un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. L'annonce a été faite dimanche 14 décembre par ses avocats, Me Bakouri Amirouche et Me Emmanuel Daoud, sur leurs comptes de réseaux sociaux. C'est désormais la dernière carte judiciaire dans un dossier qui illustre la tension croissante entre Alger et Paris sur la question de la liberté de la presse.  


Mercredi 3 décembre, la cour d'appel de Tizi Ouzou avait confirmé la peine de sept ans prononcée en première instance. Pas d'allègement, pas de révision : le verdict est resté calé sur la ligne initiale. Pourtant, quelques heures plus tôt, le parquet général avait réclamé dix ans de prison ferme et 500 000 dinars d'amende. La cour n'a pas suivi cette surenchère, mais elle n'a pas non plus esquissé le moindre geste d'ouverture.  


L'audience d'appel a même marqué un durcissement rhétorique. Pour le procureur général, Christophe Gleizes n'est pas venu faire du journalisme, mais “commettre un acte hostile”. Les griefs tiennent à ses échanges avec un dirigeant de la Jeunesse Sportive de Kabylie, également cadre du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par Alger en 2021. Selon l'accusation, ces contacts suffisent à caractériser l' “apologie du terrorisme”, même si le projet de reportage portait officiellement sur le club de football.  


À la barre, Christophe Gleizes avait tenté une stratégie d'humilité. “Je demande pardon”, avait-il déclaré, reconnaissant avoir commis “beaucoup d'erreurs journalistiques”  malgré ses “bonnes intentions”. Face à ses parents, sa compagne, son frère et un ami venus assister à l'audience, il avait réclamé “la clémence” pour “retrouver sa famille”. Mais cette posture n'a pas infléchi la position du parquet.  


Ses avocats avaient, eux, plaidé l'irrégularité administrative plutôt que le délit pénal. Christophe Gleizes était entré en Algérie avec un simple visa touristique, alors que son travail nécessitait une accréditation de presse. Un argument technique qui n'a pas pesé lourd face à la grille de lecture sécuritaire du ministère public.  


Reporters sans frontières, qui suit le dossier depuis le début, rappelle que les échanges entre le journaliste et le responsable du MAK remontent à 2015 et 2017, bien avant le classement de l'organisation comme terroriste. Le seul contact en 2024 concernait la préparation du reportage sur la JSK, “ce dont Christophe Gleizes ne s'est jamais caché”, souligne l'ONG. Selon elle, il n'est “coupable que d'avoir exercé son métier de journaliste sportif”.  


Reste maintenant à savoir si la Cour suprême acceptera d'examiner le pourvoi, et surtout si elle trouvera matière à casser la décision d'appel. Dans ce type de procédure, les marges de manœuvre sont étroites : la haute juridiction ne rejuge pas les faits, elle vérifie la conformité au droit. Pour Christophe Gleizes et ses défenseurs, c'est le dernier espoir dans un système judiciaire qui, jusqu'ici, n'a laissé filtrer aucune faille.  


Amine B.  

 


 
 
 

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page