La femme, victime des clichés devenus ordinaires
- cfda47
- il y a 7 heures
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« Il existe de plus en plus de conflits conjugaux, parce que les femmes parlent beaucoup et les hommes ne supportent pas ! ». Cette conclusion hâtive, expéditive et franchement misogyne n’émane pas d’un simple quidam. C’est le fruit de l’imagination d’une femme, présentée comme sociologue par la chaine de télévision Ennahar TV. Ce cliché de la femme bavarde et de l’homme sage, largement répandu dans la société, est désormais partagé par ce qui doit être la société savante, mais qui n’a de savant que les feuilles qui servent aux diplômes.
Cette assertion, malheureusement passée sous silence faute de contradicteurs sur le plateau et dans la société dont les derniers militants et militantes de la cause féminine sont passés à l’ombre de la chape de plomb qui écrase le pays depuis quelques temps déjà, n’est pas la seul à incriminer les femmes, à leur faire porter toutes les tares du monde.
Ainsi, dès qu’on s’offusque des violences faites aux femmes et on demande de pénaliser les féminicides, des voix, venant souvent des courants conservateurs et religieux, lancent des cris d’orfraie dénonçant « une volonté d’atomiser la famille ». Comme si cette famille repose uniquement sur la femme, obligée ainsi à supporter tout, y compris des coups de poings ou les insultes de son mari ou de son frère.
Et si jamais elle élève la voix pour dénoncer ces violences, c’est elle la fautive. Et l’homme ? le mâle dominant ? Il est dans son droit, disent certains comme cet imam qui a diffusé récemment une vidéo pour « féliciter » de fait qu’un coup reçu du mari est « une bénédiction ». Face à ces dérives, tout le monde semble avoir avalé sa langue.
S’agissant de la femme, les dérapages deviennent presque normaux, acceptés de tous. Cela n’émeut quasiment personne, pas même l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), souvent encline à redresser ce qu’elle juge être le tort de certains programmes télévisuels qui, pourtant, ne comportent pas forcément quelque chose de trop grave. Les associations de défense des droits de femmes sont réduites au silence. D’abord par un climat de fermeture généralisé, mais aussi par la société qui se recroqueville de plus en plus sur elle et considère le féminisme comme une lubie importée de l’Occident.
A l’ombre de ces tirs croisés, se cache pourtant une réalité : des femmes continuent de se faire tuer, juste parce qu’elles sont femmes. Pour un mot. Pour un « non ». Pour rien ! Leurs cas passent souvent sous les radars. Et encore ! Dans la majorité des cas, les familles évitent de lier ces meurtres au sexe de la victime, préférant trouver des circonstances atténuantes aux assassins, aux agresseurs !
E. Wakli
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