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La militante Nassera Dutour refoulée de l’aéroport d’Alger

  • cfda47
  • il y a 1 jour
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 5 heures

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« Mon fils a disparu. Et voilà qu’on m’efface à mon tour. Mais, tant que je pourrai parler, je le ferai. Pour lui. Pour les autres. Pour la mémoire. Pour la justice. ». Figure de la défense des familles des disparus des années 1990 en Algérie, Nassera Dutour a été empêchée d’entrer dans son pays le mercredi 30 juillet, indique un communiqué du Collectif des familles des disparus (CFDA) et du réseau Euro-Méditerranéen contre les disparitions forcées (FEMED).


« Dès son arrivée au poste-frontière, à 16h30 (heure algérienne), Nassera Dutour a été retenue pendant trois heures par la police, et questionnée avant d’être refoulée vers la France à bord du vol AF 1455 d’Air France, sans aucune justification », indique le communiqué qui dénonce une « violation flagrante des dispositions de l'article 55 de la Constitution et de la loi n° 08-11 du 25 juin 2008 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers en Algérie », d’autant  que Mme Dutour «  est algérienne de nationalité algérienne » et ne « représente aucune une menace à l’ordre public ».


Nassera Dutour, née Yous, est une mère de disparu. Son fils, Amine Amrouche, a été arrêté en janvier 1997 et est, à ce jour, porté disparu comme des milliers d’autres Algériens. Depuis, elle n’a cessé de chercher la vérité sur le sort de son fils et de tous les autres disparu·e·s.


Militante, engagée depuis près de trois décennies, rappelle le document signé des deux organisations. « Outre une humiliation personnelle, ce refoulement est le symbole d’un pouvoir qui refuse de regarder son passé en face et qui punit toutes celles et ceux qui luttent avec dignité et persévérance contre les injustices. », dénoncent encore les deux associations qui rappellent le rôle prééminent joué par Nassera Dutour qui « n’a cessé de se tenir aux côtés des victimes et de leurs familles en Algérie comme dans le reste de la région euro-méditerranéenne. Elle combat sans relâche pour faire entendre la voix des disparu·e·s, face au silence assourdissant des autorités algériennes et régionales, incapables d’assumer leur propre histoire, inaptes à affronter les fantômes de leurs propres citoyens ».


Les deux organisations ont lancé un appel pour que d’autres défenseurs des droits de l’Homme dénoncent la décision des autorités algériennes et exigent que Mme Dutour puisse rentrer dans son pays.


Durant la décennie 1990, pas moins de 8000 personnes, arrêtées et enlevées de force à leurs familles, ont disparu. Plus de 20 ans après la fin de la guerre civile, leur sort reste inconnu jusque-là. Après l’adoption en 2005 de la loi portant sur la Paix et la Réconciliation nationale, les autorités ont considéré ces personnes comme mortes, sans en donner les preuves. Les familles des disparus continuent, elles, de réclamer la vérité sur le sort de leurs enfants et proches.


E.W.

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