Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit mardi "alarmé" par l'exécution imminente d'un condamné à mort en Alabama, aux Etats-Unis, au moyen d'une nouvelle méthode, l'inhalation d'azote, estimant que cela pourrait constituer de la torture. Dans ce type d'exécution, le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d'oxygène).
"Nous sommes alarmés par l'exécution imminente, aux États-Unis, de Kenneth Eugene Smith, au moyen d'une méthode nouvelle et non testée, l'hypoxie à l'azote", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse régulier à Genève.
Cela "pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international", a-t-elle affirmé.
La porte-parole a souligné que le protocole d'exécution par hypoxie à l'azote de l'Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l'Association américaine vétérinaire (AVMA) recommande d'administrer un sédatif aux animaux, même de grande taille, lorsqu'ils sont euthanasiés de cette façon.
L'ONU demande aux autorités de l'Etat d'Alabama de suspendre l'exécution de Kenneth Eugene Smith prévue pour le 25 janvier. La porte-parole Ravina Shamdasani a fait aussi part de son inquiétude quant au fait que les Etats du Mississippi et de l'Oklahoma avaient également approuvé cette méthode d'exécution.
Le 3 janvier, des rapporteurs de l'ONU avaient déjà fait part de leur inquiétude face à ce "premier essai" mondial d'exécution par hypoxie à l'azote, craignant qu'elle "n'entraîne une mort douloureuse et humiliante".
L'exécution de Kenneth Eugene Smith par injection létale en novembre 2022 pour un meurtre sur commande commis en 1988 avait été annulée in extremis, les perfusions intraveineuses pour lui injecter la solution mortelle n'ayant pu être posées dans le temps légalement imparti. Sa condamnation à mort avait suscité une controverse.
En 1988, un époux infidèle et endetté l'avait engagé, ainsi qu'un autre tueur à gages, pour abattre son épouse lors d'un faux cambriolage. Malgré le suicide du mari, la police était remontée jusqu'aux deux tueurs.
Kenneth Smith avait été condamné une première fois à la peine de mort mais le procès avait été annulé en appel. Lors de son second procès en 1996, il avait de nouveau été reconnu coupable de meurtre, mais les jurés s'étaient divisés sur la sentence: 11 sur 12 avaient recommandé une peine de prison à perpétuité.
Un juge avait ensuite imposé la peine capitale en passant outre leur avis, ce qui était légal à l'époque mais est aujourd'hui proscrit sur l'ensemble du territoire américain.
L'exécution de Phillip Hancock (59 ans) au pénitencier de l'Oklahoma, dans la ville de McAlester, est la 24e en 2023 et la dernière prévue aux États-Unis. Condamné à mort pour un double meurtre en 2001, il a été exécuté fin novembre dernier par injection létale dans l'Oklahoma, avait annoncé l'administration pénitentiaire de cet État du centre du pays.
Il a été condamné à mort en 2004 pour le meurtre en avril 2001 de Robert Jett et James Lynch, deux membres d'un gang de motards violent.
Phillip Hancock a toujours plaidé la légitime défense, affirmant avoir été attiré dans un piège au domicile de Robert Jett, qui se trouvait sous l'influence de la méthamphétamine, et qui avait tenté avec James Lynch de le forcer à entrer dans une cage où il enfermait ses victimes pour les torturer.
Selon son récit, contesté par l'accusation et qui n'a pas convaincu les jurés, Phillip Hancock s'est débattu, est parvenu à s'emparer du pistolet de Robert Jett et à abattre ses deux agresseurs avant de prendre la fuite.
L'ensemble de ces 24 exécutions, toutes par injection létale, ont été réalisées dans cinq États, trois du Sud, le Texas, la Floride, et l'Alabama, et deux du centre du pays, le Missouri et l'Oklahoma.
L'Oklahoma a repris les exécutions capitales en 2021 après six ans de moratoire en raison d'exécutions ratées en 2014 et 2015. Celle de Phillip Hancock est la quatrième en 2023.
Selon un récent sondage Gallup, 53% des Américains sont favorables à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de meurtre, le niveau le plus bas depuis 1972, quand la Cour suprême avait bloqué les exécutions aux Etats-Unis, jusqu'à leur rétablissement quatre ans plus tard.
La rédaction/AFP
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