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La reconnaissance de Macron sur Ben M'hidi : Entre silence officiel et indignation populaire

Le mutisme assourdissant d'Alger face à la récente déclaration d'Emmanuel Macron sur l'assassinat de Larbi Ben M'hidi cristallise les tensions autour d'une diplomatie mémorielle controversée. Cette reconnaissance présidentielle, survenue le 1er novembre 2023, loin de panser les plaies, semble avoir exacerbé les antagonismes latents entre les deux rives de la Méditerranée.

 

Alors que les instances officielles algériennes demeurent étrangement silencieuses, la société civile, elle, s'insurge avec véhémence. L'ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi fustige sans détour ce qu'il considère comme une manœuvre opportuniste : “Macron a visiblement cherché à nous gâcher la grande fête du 1er Novembre en reconnaissant un crime sur un million.”

 

La temporalité même de cette reconnaissance suscite la suspicion. Le journaliste politique Otman Lahiani décrypte avec acuité cette stratégie qu'il qualifie de “distillation de la mémoire”, dénonçant une “démarche dénuée de tout sens, liée au timing politique” dans le contexte des relations franco-marocaines.

 

L'historien Hosni Kitouni va plus loin, qualifiant cette initiative d' “énième entourloupette” présidentielle, destinée à “atténuer l'effet politique, diplomatique et symbolique” du rapprochement franco-marocain. Une analyse que corrobore le chercheur français Fabrice Riceputi, évoquant une utilisation “cynique” de la mémoire de Ben M'hidi comme “monnaie d'échange”.

 

Cette dissonance entre le silence institutionnel d'Alger et la véhémence des réactions populaires illustre la complexité d'une réconciliation mémorielle qui, loin d'être achevée, semble s'enliser dans les méandres d'une diplomatie équivoque. La question qui reste en suspens : une reconnaissance sans réparations peut-elle vraiment contribuer à la cicatrisation des blessures historiques ?

 

L'absence de réaction officielle d'Alger, plus qu'un simple silence diplomatique, pourrait être interprétée comme une forme de désapprobation tacite face à ce que beaucoup considèrent comme une instrumentalisation de la mémoire collective au service d'intérêts géopolitiques contemporains.

 

Sophie K. 

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