top of page

“Nous sommes souverains”: L'Algérie prête à rétablir la peine de mort malgré 30 ans de moratoire

  • cfda47
  • il y a 7 heures
  • 3 min de lecture

Dans des déclarations qui risquent de susciter de vives réactions tant au niveau national qu'international, le ministre de la Justice et garde des sceaux, Lotfi Boudjema, a évoqué la possibilité de réactiver la peine de mort en Algérie, malgré le moratoire de fait observé depuis plus de deux décennies.


L'État algérien est souverain dans ses décisions. Si la situation est jugée suffisamment grave pour nécessiter l'application de cette peine, nous procéderons à sa réactivation”, a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse à Alger.

Ces propos marquent un tournant potentiel dans la politique pénale algérienne. Pour rappel, bien que la peine capitale figure toujours dans le code pénal algérien, l'Algérie observe un moratoire de fait depuis 1993, date de la dernière exécution officielle. Le pays s'est même associé à plusieurs reprises aux résolutions de l'ONU appelant à un moratoire universel sur l'application de la peine de mort.


En décembre 2020, l'Algérie avait notamment voté en faveur de la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies appelant à un moratoire mondial sur les exécutions, confirmant ainsi sa position historique sur cette question.


“Vous connaissez l'attitude des autres communautés internationales lorsqu'il s'agit de leur sécurité”, a souligné le ministre, suggérant que les considérations sécuritaires pourraient désormais prévaloir sur les engagements internationaux.


L'expérience algérienne face au terrorisme comme justification


Le ministre a particulièrement insisté sur l'expérience unique de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme, rappelant que "l'Algérie a été l'une des premières victimes du phénomène terroriste, à une époque où une grande partie de la communauté internationale ne reconnaissait pas ce phénomène comme un crime, mais plutôt comme un 'extrémisme religieux'."


Cette référence à la “décennie noire” des années 1990, durant laquelle l'Algérie a combattu seule le terrorisme islamiste, reste profondément ancrée dans la mémoire collective algérienne et continue d'influencer les politiques sécuritaires du pays.


“Le jour où ils ont subi le terrorisme, ils ont compris ce que l'Algérie disait... L'Algérie est devenue un exemple, une référence et une approche internationale dans la lutte contre ce phénomène”, a ajouté le ministre, mettant en avant l'expertise algérienne en matière de lutte antiterroriste.


Entre souveraineté nationale et pressions internationales


Le ministre a clairement affirmé que “l'Algérie est un État qui possède toute la souveraineté pour prendre ses décisions et lutter contre le crime selon la perspective qu'elle juge appropriée”. Cette position s'inscrit dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires croissants, notamment l'instabilité aux frontières sud (Mali, Niger, Libye) et les menaces terroristes persistantes dans la région sahélo-saharienne.


Rappelons que les déclarations du ministre interviennent alors que l'Algérie avait traditionnellement aligné sa position sur celle de la tendance internationale majoritaire en faveur de l'abolition de la peine capitale. En 2021, le pays avait même participé activement au Congrès mondial contre la peine de mort, où la délégation algérienne avait réaffirmé l'engagement du pays envers le moratoire.


Ces propos ravivent également le débat sur la place de la peine capitale dans le système judiciaire algérien. Si certains juristes algériens défendent son maintien comme mesure dissuasive face à la criminalité organisée et au terrorisme, d'autres plaident pour son abolition définitive, conformément aux tendances internationales.


Il convient de noter que l'Algérie fait partie des pays qui, sans avoir formellement aboli la peine de mort, l'ont progressivement écartée de leur pratique judiciaire. Le pays continue néanmoins de prononcer des condamnations à mort, notamment pour les crimes liés au terrorisme, mais ces sentences sont systématiquement commuées en peines de prison à perpétuité depuis 1993. Pour l'heure, aucun calendrier précis n'a été évoqué concernant cette possible réactivation, laissant penser qu'il pourrait s'agir davantage d'un message politique fort que d'une décision imminente. 


Amine. B


Comments


bottom of page