Refus d’extradition d’Aksel Bellabbaci : une décision judiciaire aux lourdes répercussions politiques
- cfda47
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La décision de la cour d’appel de Paris concernant Aksel Bellabbaci a été rendue ce mercredi 14 mai 2025. De brefs applaudissements ont été entendus dans la salle d’audience à l’annonce du verdict, signe du soutien de certains présents à l’opposant kabyle. Son avocat, Gilles-William Goldnadel deplore: "Je ne peux pas dire que ce soit un triste jour pour la justice algérienne, puisqu'il n'y a pas, aujourd'hui malheureusement, de justice pour les Algériens". Cette affaire pourrait encore alimenter les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie.
Résidant en France et accusé par l’Algérie de 14 infractions. La cour d'appel de Paris a refusé d'extrader Aksel Bellabbaci, un opposant et haut responsable du Mouvement d'autodétermination de la Kabylie (MAK), réclamé par l'Algérie pour des accusations d'« actes terroristes ». La justice française a jugé que la demande d'extradition était « sans objet », ce qui a suscité des réactions contrastées.
Cette décision pourrait renforcer le sentiment de protection des militants kabyles en France, tout en alimentant les critiques du régime algérien contre l’ingérence étrangère.
Ce refus risque d’aggraver les relations entre les deux pays, qui ont déjà connu des périodes de friction sur des questions de droits de l’homme et de souveraineté.
Bellabbaci est accusé par la justice algérienne de 14 infractions, dont certaines pourraient théoriquement lui valoir la peine de mort. Il est notamment soupçonné d'avoir commandité les incendies qui ont ravagé la Kabylie en août 2021 et causé la mort d'au moins 90 personnes. Il est aussi accusé par Alger, d'avoir été « l'instigateur » du lynchage mortel d'un artiste peintre, Djamel Bensmaïl, qui avait été faussement identifié comme un pyromane.
A ce sujet, Aksel Bellabbaci a rendu hommage, ce matin aux victimes des incendies de Kabylie:
"Ma pensée aujourd’hui va aux victimes des incendies criminels de 2021 en Kabylie. Ces tragédies, provoquées par un régime algérien oppressif, ont coûté la vie à des centaines de nos frères et sœurs kabyles, ravagé nos forêts, nos villages, notre terre. Et pourtant, dans un cynisme sans nom, ce même régime a osé accuser les Kabyles d’avoir incendié leurs propres maisons, leurs propres familles."
Il ajoute:
"Aujourd’hui encore, 38 Kabyles croupissent injustement dans les prisons algériennes, condamnés à mort pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Parmi ces injustices, je suis moi-même accusé à tort d’être l’instigateur de ces incendies."
"Je ne me tairai pas. La vérité finira par triompher. Liberté pour la Kabylie." conclut l'opposant politique.
L'avocat de Bellabbaci, Me Gilles-William Goldnadel, a salué la décision de la justice française, affirmant que « c'est un beau jour pour la justice française » et dénonçant ce qu'il considère comme une oppression du peuple kabyle par le régime algérien. De son côté, l'Algérie pourrait voir cette décision comme un affront diplomatique.
Cette décision risque d’aggraver les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, qui avait réclamé l’extradition de Bellabbaci pour des accusations d’« actes terroristes ».
L’Algérie pourrait réagir en intensifiant ses poursuites contre les opposants politiques ou en révisant sa stratégie diplomatique pour obtenir des extraditions à l’avenir.
La question kabyle en Algérie : entre revendications identitaires et tensions politiques
La Kabylie, une région montagneuse du nord du pays, est principalement habitée par des Berbères, qui ont longtemps revendiqué une reconnaissance culturelle et linguistique distincte.
Historiquement, la crise de 1949, souvent appelée « la crise berbériste », a marqué un tournant dans le nationalisme algérien. Elle a révélé des divergences entre les militants indépendantistes sur la place de l'identité kabyle dans la construction de l'Algérie moderne. Depuis l'indépendance en 1962, les revendications kabyles ont continué, notamment avec le Printemps berbère de 1980, qui a été une grande mobilisation pour la reconnaissance de la langue et de la culture berbères.
Aujourd'hui, la question kabyle reste un sujet sensible, notamment avec des mouvements comme le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), qui a apparut après les massacres de juin 2001, appelés « Printemps noir ». Ce mouvement milite pour une autonomie ou une indépendance de la région. L'État algérien considère ce mouvement comme une menace à l'unité nationale.
Yacine M
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