Prisonnier de l’information, Christophe Gleizes face à la répression algérienne : la mobilisation s’intensifie
- cfda47
- 1 oct.
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Dernière mise à jour : 2 oct.

Depuis plus de trois mois, le journaliste français Christophe Gleizes est incarcéré en Algérie. Collaborateur des magazines So Foot et Society, il a été arrêté en juin 2025 alors qu’il réalisait un reportage sur les dynamiques sociales et sportives dans le pays. Son incarcération, fondée sur des accusations d’« apologie du terrorisme » et de « possession de publications à but de propagande », suscite une vague d’indignation croissante en France et au-delà.
Christophe Gleizes entame son quatrième mois de détention à la prison de Tizi-Ouzou, en Kabylie. Il a été condamné le 29 juin 2025 à sept ans de prison pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications à but de propagande nuisant à l’intérêt national ». Il est toujours en attente de son procès en appel, dont la date n’a pas été fixée.
Aucun article n’avait été publié au moment de son arrestation, et ses soutiens dénoncent un dossier vide et une instrumentalisation politique.
Une détention aux contours flous
Selon les autorités algériennes, Christophe Gleizes aurait été en possession de documents jugés sensibles et aurait tenu des propos interprétés comme une atteinte à la sécurité nationale. Pourtant, aucune preuve publique n’a été fournie à ce jour. Son procès, expéditif, s’est soldé par une condamnation à sept ans de prison, sans que les garanties d’un procès équitable soient respectées.
Des ONG comme Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International dénoncent une procédure opaque et une criminalisation du travail journalistique. RSF rappelle que l’Algérie figure parmi les pays où la liberté de la presse est en net recul, avec une multiplication des arrestations de journalistes depuis 2019.
Une mobilisation académique et citoyenne
En France, 16 écoles de journalisme ont signé une tribune appelant à la libération immédiate de Christophe Gleizes. Des étudiants ont organisé des rassemblements symboliques devant les ambassades et les préfectures, brandissant des pancartes : « Informer n’est pas un crime », « Libérez Christophe ».
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et plusieurs rédactions ont également exprimé leur soutien, soulignant le caractère professionnel et éthique du travail de Gleizes. Des personnalités du monde sportif, notamment des clubs comme l’OGC Nice, ont relayé des messages de solidarité sur les réseaux sociaux, rappelant que Gleizes couvrait souvent les enjeux sociaux liés au football.
Une affaire qui dépasse les frontières
Au-delà du cas individuel, cette détention soulève des questions plus larges sur la criminalisation du journalisme indépendant et la répression des voix critiques en Algérie. Elle intervient dans un contexte de durcissement politique, marqué par des réformes sécuritaires et une surveillance accrue des contenus médiatiques.
Des parlementaires européens ont interpellé la Commission européenne sur le respect des droits humains en Algérie, appelant à conditionner certains accords à des garanties démocratiques. En France, le ministère des Affaires étrangères affirme suivre le dossier « avec attention », mais reste discret sur les démarches diplomatiques engagées.
Pour un journalisme libre et sans frontières
Le cas de Christophe Gleizes rappelle que le journalisme, lorsqu’il s’exerce dans des contextes autoritaires ou instables, devient un acte de courage. Il interroge aussi notre capacité collective à défendre les principes fondamentaux : liberté d’expression, droit à l’information, protection des lanceurs d’alerte.
À l’heure où les mobilisations citoyennes se multiplient, une question demeure : combien de temps encore faudra-t-il pour que Christophe Gleizes retrouve sa liberté — et que le journalisme cesse d’être traité comme une menace ?
Cette affaire s’inscrit dans un climat tendu entre Paris et Alger, marqué par des désaccords diplomatiques et d’autres arrestations, comme celle de l’auteur franco-algérien Boualem Sansal.
Nadia B



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