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Prisonnier palestinien portant la nationalité israélienne: la fabuleuse histoire de Walid Daqqa


Depuis le fond d’une prison, s’est écrite une histoire qui défie l’entendement, celle de cet homme Walid Daqqa, un prisonnier palestinien portant la nationalité israélienne qui a vu sa vie s’écouler derrière les barreaux, passant 38 longues années en détention avant de rendre son dernier souffle à l’âge de 62 ans, il y a quelques jours.


Mais au cœur de cette existence marquée par l’enfermement, un chapitre extraordinaire s’est ouvert, telle une lueur d’espoir dans l’obscurité.


Walid, malgré les chaînes de la captivité, a réussi à unir son destin à celui de Sanaa Salameh, son épouse.


Leur amour, inébranlable face aux épreuves, a triomphé après une lutte juridique acharnée qui s’est étalée sur plusieurs années avec les autorités carcérales et judiciaires israéliennes.


Leur union a donné naissance à un miracle : Milad, cette enfant, dont le prénom résonne comme un hymne à la vie, est venue au monde sans que ses parents n’aient jamais partagé un seul instant de tendresse physique.


Walid Daqqa a orchestré l’impensable : il a clandestinement fait sortir sa semence de l’enceinte carcérale, permettant ainsi à Sanaa d’entreprendre une insémination artisanale. Contre toute attente, Milad a vu le jour, incarnant l’amour indéfectible de ses parents et leur résilience face à l’adversité.


Le défunt a aussi suivi, en captivité, une formation universitaire : il obtient une licence et une maîtrise en études démocratiques de l'université ouverte d'Israël en 2012, un diplôme parallèle en études régionales de l’université d'Al-Quds en 2016, et une inscription au doctorat en philosophie de l'université de Tel-Aviv.


Pendant, ces trente-huit longues années en prison, il a aussi donné vie à plusieurs ouvrages qui explorent le destin politique de son peuple et la question de l’emprisonnement, parmi lesquels La bataille du camp de Jénine 2002, publié en 2004, La conscience façonnée ou la réidentification de la torture en 2010, L'histoire secrète de l'huile en 2018, Le conte secret de l'épée en 2021 ou encore Le conte secret de l'esprit / Le retour des martyrs à Ramallah, en 2022.


Sa dernière œuvre, destinée au jeune public, est Le secret du pétrole.


Pour seul héritage, Walid laisse à sa fille cette sublime lettre :

« Sais-tu que tu as maintenant un dossier au Shabak [les services de renseignements israéliens] ? » avait écrit Walid, s’adressant à son enfant à naître. « Cet État nucléaire, qui possède 200 armes nucléaires, a peur d’un enfant qui n’est pas encore né. »


Et dans un fait plus étrange que de la fiction, lorsque Milad est née, elle est devenue la plus jeune palestinienne à être fichée par les services de renseignement israéliens, écrit Mariam Barghouti, une journaliste palestinienne.


C’est l’histoire de Walid Daqqa, un conte moderne et tragique où l’amour triomphe des barrières et où chaque battement de cœur est un acte de rébellion contre l’injustice.


B.G

 

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