
Depuis les propos racistes du président tunisien, Kaïs Saïed, de plus en plus de migrants subsahariens subissent des attaques et tentent de rentrer en urgence dans leur pays d’origine.
Ce discours sur la politique migratoire de Kaïs Saïed, a fait monter l’inquiétude depuis le 21 février dernier, lors d'un conseil de sécurité ou le dirigeant a réclamé des « mesures urgentes » contre l’immigration clandestine d’Africains subsahariens dans son pays, affirmant que leur présence était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». Il a insisté sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration, soutenant le fait qu’elle relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ». Depuis cette prise de parole, les immigrés noirs subissent une vague de violence inédite à travers le pays.
Dans sa déclaration du 21 février, le dirigeant tunisien assure que des « partis » auraient reçu de « fortes sommes d'argent » après la révolution tunisienne de 2011, « afin de faire venir des immigrés d'Afrique subsaharienne » dans le seul but de transformer la Tunisie.
« En désignant les Subsahariens comme une menace, le président Saïed a donné le feu vert aux violences. Il semble dire aux Tunisiens : 'C'est légitime, faites ce que vous voulez ! Les Subsahariens nous disent qu'ils ont peur de la police, mais aussi des citoyens tunisiens », déclare Mme Saadia Mosbah, présidente de l'association M'nemty à franceinfo.

Alors que la Tunisie traverse une crise économique et politique, un certain nombre d’associations ont fustigé une « stratégie du bouc émissaire », tandis que le discours de Kaïs Saïed a engendré « une explosion de haine », poursuit Mme Saadia Mosbah, présidente de M'nemty, une association chargée de combattre les discriminations raciales en Tunisie.
Samedi 25 février, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Tunis contre les propos « haineux et racistes » du dirigeant, lors d'un week-end marqué par une nouvelle flambée de violence xénophobe.
Ces propos ont aussi, été condamnés par l’Union africaine, des ONG ou encore par la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, qui a notamment dénoncé un « discours xénophobe, outrageant, humiliant à l’endroit de la communauté subsaharienne des migrants ».
Dans un entretien accordé lundi 27 février à l'AFP, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar, a appelé à «l'apaisement », tout en assumant la position du gouvernement.
« Il n’est pas question d’excuses du tout, nous n’avons porté atteinte à personne », s'est-il défendu.
Selon des chiffres officiels cités par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, la Tunisie (FTDES) compte 12 millions d’habitants et plus de 21 000 Africains subsahariens, en majorité en situation irrégulière, soit moins de 0,2 % de la population totale.
La plupart d’entre eux rejoignent la Tunisie pour ensuite tenter d’immigrer clandestinement vers les pays d’Europe, notamment en empruntant la mer en direction de l’île italienne de Lampedusa. Les migrants sont originaires du Sierra Leone, de Guinée Conakry, du Cameroun, du Tchad, du Gabon ou encore du Soudan.
La rédaction
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