top of page

Seul face au système : militant abandonné, Abdelkrim Zeghileche rend les armes

  • cfda47
  • 2 oct.
  • 2 min de lecture

ree

« Mardi, lors du jugement, je me suis retrouvé totalement seul, personne n’est venu, absolument personne, pas une seule personne ». Abdelkrim Zeghileche est un homme désabusé. Mardi 30 septembre, il est condamné en comparution immédiate par le tribunal de Constantine à 1 an de prison ferme et 100 000 Da d’amende. Il s’agit de la 14ème affaire en justice que le quinquagénaire, ancien homme d’affaires ruiné à cause de ses activités militantes, subit.


C’est la cinquième fois qu’il est condamné à une peine de prison ferme et s’il est remis en liberté, c’est parce que « j’ai dit au tribunal que j’avais un enfant dont la mère est décédée cette année, et que si vous m’envoyez en prison pour la cinquième fois, mon fils unique se retrouvera seul », a-t-il écrit sur sa page facebook. Puis, l’homme a rappelé que les amendes cumulées que lui réclament la justice s’élèvent à plus de 5 millions de dinars. C’est trop pour un seul homme.


Homme engagé depuis l’ère Bouteflika, Abdelkrim Zeghileche a toujours poursuivi son combat. Malgré la fermeture de son entreprise et de sa webradio, Sarbacan qui fut une tribune pour tous les opposants, il n’a pas baissé les bras. Il s'investit dans le hirak, puis dans l’action politique en intégrant l’UCP, l’Union pour le changement et le progrès de Zoubida Assoul, d’où il a été exclu l’an dernier. Son discours a toujours porté sur la nécessité d’unifier et surtout de structurer les rangs du hirak. Mais il n’a pas été entendu.


Mais aujourd’hui, le combattant a décidé de « rendre les armes ». Sa déception est telle qu’il annonce qu’il a « changé ». « Mardi, lors du jugement, je me suis retrouvé totalement seul, personne n’est venu, absolument personne, pas une seule personne. Sauf bien sûr la vingtaine de magistrats et de policiers qui m'entourait. Et j’ai déclaré publiquement que ma vision des choses avait complètement changé. Et c'est la vérité », a-t-il noté avec amertume.


En plus de la douleur de se sentir seul dans ce combat de David contre Goliath, Abdelkrim Zeghileche a conclu que le « peuple algérien aime ce système politique » qui gère le pays. « Bengrina peut remplir des salles. Moi, j’ai essayé de rassembler des gens, je n’ai jamais pu recueillir plus de 80 personnes » ; se désole-t-il.


« Le peuple algérien veut Bengrina, pourquoi j’irai en prison pour lui ? » ; s’est-il encore interrogé. Malgré la déception, il a lancé un appel sur les réseaux sociaux. « Mes amis, ceux qui veulent m’aider, qu’ils viennent payer mes avocats. Je n’ai que faire des discours crus sur facebook », s’insurge-t-il encore.


Comme Abdelkrim Zeghileche, il existe des centaines de militants qui font face à la répression du pouvoir. Souvent, ils sont victimes de leur combat et de leur naïveté. Ils foncent souvent tête baissée au mépris des dangers. Mais au final, ils paient tous seuls et finissent dans l’oubli. C’est de là qu'est venue l’expression de « la révolution qui dévore ses enfants ».


Essaïd Wakli

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page