Tragédie du 5-Juillet : 4 morts, 7 inculpés — l’Algérie confrontée à ses défaillances systémiques
- cfda47
- 28 sept.
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Dernière mise à jour : 29 sept.

Le 21 juin dernier, quatre jeunes supporters ont trouvé la mort dans une bousculade au stade du 5-Juillet, à Alger. Ce drame, survenu lors du match MC Alger – NC Magra, n’est pas un accident isolé : il révèle les failles profondes d’un système de gestion publique où la sécurité des citoyens est reléguée au second plan.
Le choc est encore vif. Le 21 juin dernier, le stade du 5-Juillet, symbole du sport algérien, s’est transformé en théâtre de drame. Quatre jeunes supporters ont perdu la vie dans une bousculade meurtrière lors du match MC Alger – NC Magra. Ce dimanche, la justice a franchi un cap : quatre cadres du complexe olympique Mohamed-Boudiaf ont été placés en détention provisoire, trois autres sous contrôle judiciaire. Une onde de responsabilité commence à remonter les chaînes de
Des inculpations qui interrogent la chaîne de responsabilité
Le parquet de Bir Mourad Raïs a ouvert une enquête pénale et placé quatre cadres du complexe olympique Mohamed-Boudiaf en détention provisoire :
Yacine Kada, directeur général
Belmadani Belkacem, adjoint du chef d’unité
Attouche Ali, directeur des équipements et de la maintenance
Hormoz Soufiane, chef d’atelier technique
Ces noms, jusqu’ici inconnus du grand public, incarnent désormais les défaillances d’un système incapable d’assurer la sécurité dans ses enceintes sportives.
Trois autres responsables sont sous contrôle judiciaire. Les chefs d’inculpation incluent homicide involontaire, blessures par négligence, défaut de précaution et abus de fonction. Ces poursuites s’appuient sur les articles 288, 289 et 442 du code pénal, ainsi que sur la loi anticorruption.
Mais au-delà des individus, c’est le fonctionnement institutionnel qui est en cause : absence de protocoles d’évacuation, portes verrouillées, personnel non formé, signalétique défaillante. Le rapport remis à la présidence est accablant.
Mémoire collective et reconnaissance des victimes
Les familles endeuillées, soutenues par des collectifs citoyens, réclament une reconnaissance officielle : une stèle, une journée nationale de vigilance, et des réformes structurelles. Le Collectif Mémoire Sportive , né dans la foulée du drame, appelle à inscrire le 21 juin dans le calendrier républicain comme journée de la sécurité dans les lieux publics et devienne une date de vigilance et de réforme.
Des voix s’élèvent aussi pour que les clubs, les fédérations et le ministère de la Jeunesse et des Sports prennent part à une refondation éthique du sport algérien. Le stade ne doit plus être un lieu de mort.
Ce drame pose une question centrale : quelle valeur accorde-t-on à la vie humaine dans les politiques publiques ? Dans un pays où les infrastructures vieillissent et où les responsabilités sont souvent diluées, la tragédie du 5-Juillet devient un symbole de lutte pour la dignité et la justice.
Le stade du 5-Juillet : entre mythe et négligence
Inauguré en 1972, le stade du 5-Juillet est un lieu de mémoire nationale. Il a accueilli des moments de liesse, des finales historiques, des concerts mythiques. Mais derrière sa façade monumentale, les normes de sécurité n’ont pas suivi.
Le rapport remis à la présidence est accablant : absence de plan d’évacuation, portes verrouillées, personnel non formé, signalétique défaillante.
Ce drame n’est pas une fatalité. Il est le produit d’une gestion bureaucratique, d’un abandon technique, et d’une invisibilisation des risques. Les victimes ne sont pas mortes d’un accident, elles sont mortes d’un système.
Les organisations de défense des droits humains appellent à un audit national des infrastructures sportives La formation obligatoire du personnel à la gestion des foules La transparence dans les procédures judiciaires et la participation des familles et des collectifs à la réforme.
Ce procès sera scruté. Il ne s’agit pas seulement de juger des individus, mais de poser les bases d’une responsabilité publique. Le ministère de la Justice promet une transparence totale. Mais les Algériens attendent des actes : audits des infrastructures, formation du personnel, sanctions exemplaires.
La tragédie du 5-Juillet pourrait devenir un tournant. À condition que la mémoire des victimes ne soit pas ensevelie sous les procédures.
Ce procès ne doit pas être un écran de fumée. Il doit ouvrir la voie à une refondation éthique de la gestion publique, où la sécurité, la mémoire et la responsabilité ne sont plus des variables d’ajustement.
Nadia B



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