Zakia Mohamed, le bouc émissaire d’une Histoire mal assumée
- cfda47
- 22 juil.
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L’emprisonnement de Mohamed-Lamine Belghith n’a pas calmé la polémique sur l’identité et l’Histoire des Algériens. Tour à tour, le ministre des Affaires Religieuses, Youcef Belmahdi et la chanteuse Zakia Mohamed sont au cœur d’une nouvelle polémique. Les deux personnalités se sont opposées, par réseaux sociaux interposés, sur un personnage, Oqba Ibn Nafaâ, qui, tout en étant issu d’une autre région du monde, a fait partie de l’Histoire de l’Algérie.
Le premier, ministre de la République, a affirmé sans savoir vraiment pourquoi, que l’Algérie était celui du Gouverneur Omeyyad, tandis que l’artiste algéroise a dit exactement le contraire ; que « Okba » n’était pas Algérien. Il est né à la Mecq et a conduit la conquête omeyyad de l’Afrique du Nord et a été tué par les résistants berbères, conduits par Koceila, dans l’actuelle Sidi-Okba (Biskra). Il est adulé par certains, détesté par d’autres qui le considèrent comme conquérant.
Si les seconds se sont contentés de dénoncer les propos du ministre des Affaires Religieuses, les « partisans » de Okba Ibn Nafaâ sont allés plus loin ; le député islamiste Zakaria Belkhir actuel président de la Commission de l’Education de l’Assemblée populaire nationale, a déposé plainte contre Zakia Mohamed, aidé en cela par des centaines de commentaires sur les réseaux sociaux. D’autres Algériens se sont solidarisés avec l’artiste.
Zakia Mohamed, miroir d’un passé que la République ne veut pas voir
Cette polémique rappelle en effet que plus de 60 ans après l’indépendance du pays, le débat sur l’Histoire du pays n’est jamais définitivement tranché. Plus que cela, la soumission permanente de l’Histoire du pays aux idéologues a produit des fractures parfois difficiles à colmater. Les tiraillements qui ont marqué les dirigeants algériens au lendemain de l’indépendance, issus d’horizons politiques et idéologiques différents, parfois antagoniques, n’ont pas permis l’édification d’un système éducatif expurgé des luttes idéologiques. Puis, l’arrivée massive des enseignants égyptiens, nourris à la mamelle du panarabisme teinté de l’islamisme frérique, ont réussi, un temps, à escamoter la dimension amazighe de l’Histoire du pays ; ce qui a crée un sentiment d’exclusion et d’ostracisme chez une bonne partie des Algériens. Cela a fini par faire émerger une génération de militants, parfois radicaux, en faveur de leur identité, creusant ainsi les clivages existants depuis de longues années.
Pourtant, la situation n’a rien de compliqué pour peu que tout le monde puisse entendre un peu de raison, une once de bon sens. L’Histoire de l’Algérie, comme celle de n’importe quel autre pays dans le monde, est un tout et doit être acceptée et étudiée telle quelle. Des dizaines de peuples, de civilisations ont vécu sur cette terre, soit en étant des autochtones, soit en conquérants. Des anciens amazighs, aux Phéniciens, en passant par les Romains, les Byzantins, les Arabes… ont chacun mis un pied sur ce bout de terre. Chacun de ces peuples a apporté un peu de sa culture, de sa langue, de ses traditions et de ses gènes créant un ensemble appelé à vivre sous le même drapeau, régi par les mêmes lois. Aucune nation ne s’est construite sur une race pure. Aucun pays ne s’est bâti sur la négation de son histoire, non plus.
E. Wakli



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