160 reporters tués: la presse algérienne se dresse contre le conflit le plus meurtrier pour les médias

En cette Journée nationale de la presse, un rassemblement significatif s'est tenu à la Maison de la presse Tahar Djaout d'Alger. À l'initiative de l'Organisation nationale des journalistes algériens (ONJA), plusieurs dizaines de professionnels des médias se sont réunis pour rendre hommage à leurs confrères tombés dans l'exercice de leur mission à Gaza.

Cette mobilisation intervient dans un contexte particulièrement sombre pour la profession. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza rapporte un bilan sans précédent de 160 journalistes décédés depuis le début du conflit en octobre 2023, faisant de cette guerre le conflit le plus meurtrier pour les professionnels des médias depuis 1992, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

La progression macabre des chiffres témoigne de l'intensité du conflit : de 151 victimes en mai 2024, le bilan est passé à 158 en juin, pour atteindre aujourd'hui 160 décès. Parmi les victimes figurent majoritairement des journalistes palestiniens, auxquels s'ajoutent trois reporters libanais et deux journalistes israéliens.

Face à cette situation critique, la communauté internationale se mobilise. Reporters sans frontières a déposé une troisième plainte auprès de la Cour pénale internationale pour «  crimes de guerre »  contre des journalistes. Le Centre international des journalistes (ICFJ) exige d'Israël l'arrêt des attaques contre les professionnels des médias et réclame des enquêtes approfondies sur ces décès.

Le rassemblement d'Alger s'inscrit dans cette dynamique internationale de protestation et de solidarité. La vérification indépendante des informations reste complexe en raison des conditions sur le terrain. Néanmoins, le nombre de victimes au sein de la profession révèle une atteinte sans précédent à la liberté de la presse et au droit à l'information en zone de conflit.

Sophie K.