La police algérienne arrête des passeurs, mais pas la Harga !
- cfda47
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Les services de la police judiciaire de la wilaya d’Alger ont annoncé, jeudi 20 novembre, avoir démantelé un groupe de passeurs qui envoient des « harragas » en Europe à partir des plages de Zeralda, à l’ouest de la capitale. En plus des passeurs, la police a arrêté trois repris de justice, recherchés notamment pour trafic de stupéfiants. Une opération présentée par les autorités comme un exploit dans une période marquée par l’aggravation du phénomène de la harga.
Cette opération de police n’est pas la première du genre et ne sera certainement pas la dernière. Le phénomène de la Harga n’est pas terminé et des indications du terrain convergent même vers son aggravation. Et il est clairement établi que les opérations coup de poings et l’emprisonnement des passeurs et des harragas n'arrivent pas à endiguer ce phénomène. Preuve en est que la veille de cette annonce, des ONG espagnoles en charge de la protection et du secours des migrants clandestins ont annoncé la mort d’au moins 19 migrants algériens, dont une femme et un enfant, partis e Cap Djinet, à équidistance entre Alger et Boumerdès. L’information est difficile à vérifier dans ce climat de terreur, mais les sauveteurs ont donné suffisamment d’indications pour que l’information soit vraie : on connaît par exemple les noms des 5 survivants, tous originaires de la région de Boumerdès. Puis, on connaît grosso modo les conditions dans lesquelles la petite embarcation a chaviré en mer avant d’atteindre les côtes espagnoles. C’est même devenu un classique ce genre de drames qui ne semblent affecter que les familles des disparus.
Malgré ces drames, la seule réponse des autorités algériennes est la criminalisation de la harga, à travers une loi qui date de 2010. Pour le pouvoir algérien, la harga est un juste un geste qui consiste à quitter le territoire national de manière illégale. Aucune réflexion sur les conditions sociales, économiques et surtout politiques qui poussent les Algériens à vouloir quitter leur pays et à rechercher, ailleurs, un eldorado qui peut s’avérer chimérique par moment. Mais il est certain qu’on ne quitte pas son pays par gaieté de cœur ! Si on le fait, c’est parce que les conditions de vie dans son pays sont insupportables ou parce que les horizons sont bouchés. Des parents pensent que l’avenir de leurs enfants n’est pas garanti en Algérie, d’où la volonté de partir ailleurs. Ont-ils raison ? Ont-ils tort ? La réponse est entre les mains des chercheurs qui doivent expliquer le phénomène. Mais le rôle des autorités n’est pas de criminaliser une des expressions du mal-être national, mais de tenter de comprendre le pourquoi du phénomène. Car, les expériences récentes confirment que la répression ne mène à rien et un désespéré n’a rien à perdre : il tente l’aventure au risque de laisser sa vie. Peu importe les entraves et les risques. C’est cela que les autorités algériennes n’arrivent pas (ou ne veulent pas ?) à comprendre !
Essaïd Wakli



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