A défaut d’un cap, le gouvernement algérien se contente de l’aumône !
- cfda47
- 18 août
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Depuis le drame d’El-Harrach, le gouvernement algérien est en panique. Craignant la grogne populaire face à ce que tout le monde a pris pour un manquement de l’Etat à ses obligations, Abdelmadjid Tebboune (absent pour cause de congé annuel, des sources le donnent partant pour l’Allemagne) a multiplié les initiatives : en plus des visites de plus ministres sur le terrain, distribution d’une aide pécuniaire et prise immédiate de décisions visant à retirer de la circulation les vieux bus.
Dans cette séquence tragique, le ministre de l’Intérieur fait office de pompier du pouvoir politique. A défaut de solutions sérieuses et pérennes, Brahim Merad est envoyé au front pour tenter de calmer la colère et de prêcher la parole d’un chef de l’Etat absent physiquement de la scène politique. Pour pallier l’absence d’initiative et de cap, le membre du gouvernement est transformé en émissaire chargé de présenter des condoléances, en héraut chargé de professer la bonne foi des dirigeants. Depuis samedi matin, il sillonne le pays pour présenter les condoléances de l’Etat et remettre des enveloppes financières de 1 million de dinars aux familles des victimes.
Au lieu de mener une enquête sérieuse et déterminer les responsabilités (celles du chauffeur et du propriétaire du bus sont évidentes), le gouvernement se contente d’une feuille de vigne pour cacher ses tares. Au lieu de reconnaître les défaillances de la chaîne de commandement en poussant un des responsables à la démission, le gouvernement joue sur les sentiments de compassion. Que dira un père, une mère ayant perdu son enfant ? Comment peut réagir un fils ou une fille ayant perdu un père, une mère ? Comment consoler une épouse ou un mari ayant perdu son conjoint ? Ce n’est sans doute pas en ramenant des équipes de télévisions pour montrer la douleur de ces familles ou en poussant ces pauvres malheureux à faire preuve de dignité, qu’on va ressusciter leurs chers défunts. Ce n’est pas en exaltant « l’intérêt » que porterait le chef de l’Etat au malheur de ces citoyens qu’on va cacher la réalité.
Car, on ne le dira jamais assez, cet accident de la route, cette tragédie, n’est pas le fruit du hasard. Elle n’est pas tombée du ciel, mais elle est le résultat de plusieurs années de bricolage. Sur la qualité des routes, l’état lamentable des bus ou sur le comportement indigne de ces chauffards et propriétaires de ces engins de la mort qui font preuve de comportements indignes devant des représentants de l’Etat souvent passifs, les citoyens ont écrit, alerté et crié leur désarroi. En face, le pouvoir s’est comporté comme d’habitude : le déni, sinon le mépris. Embourbé dans ses certitudes, il a fermé le pays, interdit la parole, bâillonné la presse, enfonce le pays dans le vide, dans l’inconnu. Ce drame n’est en réalité qu’un avertissement, un retour de boomerang et surtout un révélateur de mensonges. Le cap sera-t-il néanmoins changé ? Au vu des décisions prises ces dernières années, le doute est permis.
E. Wakli



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