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Affaire Belghit: instrumentalisation politique ou défense de la liberté d’expression ?

  • cfda47
  • il y a 40 minutes
  • 4 min de lecture

Un vif échange a eu lieu entre le ministre de la Communication Mohamed Meziane et le député Abdesslam Bachagha du Mouvement de la société pour la paix (MSP), autour du traitement médiatique de l’affaire Mohamed Lamine Belghit.


Lors d’une session parlementaire, Bachagha a critiqué un reportage diffusé sur la télévision publique le 2 mai 2025, qui qualifiait Belghit de « marchand d’idéologie » et de « personne à l’esprit malade ». Il a dénoncé une « justice télévisuelle » et interpellé le ministre de la Justice sur le fait qu’un Algérien puisse être jugé au journal de 20h.


En réponse, Meziane a fermement défendu la télévision publique, affirmant que le reportage relayait simplement un communiqué officiel du ministère de la Justice, conformément au Code de procédure pénale. Il a reproché à Bachagha son manque de « culture institutionnelle » et l’a accusé d’avoir tenu des propos déplacés.


Le MSP a ensuite publié un communiqué condamnant les déclarations du ministre, dénonçant un « dérapage grave » et une atteinte à la séparation des pouvoirs. Cette polémique révèle des tensions entre le gouvernement et certains courants politiques sur la gestion de l’information et la liberté d’expression.


Belghit, un symbole de l’idéologie arabo-islamique en Algérie ?

Cependant. Lorsque cette même télévision publique ENTV avait diffusé en juin 2019 un reportage accusant le Moudjahid Lakhdar Bouragaa d’usurpation d’identité et de collaboration avec l’armée française, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’avait pas exprimé de critiques à l’égard de la chaîne.


À l’époque, plusieurs journalistes et personnalités avaient dénoncé cette campagne médiatique contre Bouragaa, la qualifiant de tentative de réécriture de l’histoire et de diffamation. Pourtant, le MSP, qui critique aujourd’hui le traitement médiatique de l’affaire Mohamed Lamine Belghit, n’avait pas pris position contre la télévision publique dans le cas de Bouragaa.


Cette différence de réaction soulève des interrogations sur les motivations politiques derrière ces prises de position. Les islamistes défendent Mohamed Lamine Belghit pour plusieurs raisons, qui relèvent à la fois de l’idéologie et de la stratégie politique.


Défense de Belghit : hypocrisie politique ou conviction idéologique ?

Certains partis islamistes, comme le Mouvement de la société pour la paix (MSP), utilisent l’affaire Belghit pour critiquer le gouvernement et dénoncer une prétendue atteinte à la liberté d’expression. Belghit a tenu des propos niant l’amazighité de l’Algérie, ce qui correspond à la vision de certains courants islamistes qui défendent une identité exclusivement arabo-musulmane.


Des députés islamistes ont dénoncé le traitement médiatique de l’affaire, affirmant que Belghit a été jugé à travers les médias avant même que la justice ne se prononce. Ces cercles islamistes présentent Belghit comme une victime d’un système qui chercherait à réprimer les voix dissidentes, malgré la gravité de ses propos.


Cette mobilisation autour de Belghit illustre les tensions identitaires et politiques en Algérie.


Affaire Belghit : quand la justice devient un enjeu idéologique

Les motivations du Mouvement de la société pour la paix (MSP) dans sa critique de la télévision publique algérienne semblent être influencées par plusieurs facteurs. Le parti islamiste adopte une posture d’opposition sur certains sujets, mais reste sans réaction lorsqu’il s’agit de figures historiques comme Lakhdar Bouragaa, afin de ne pas heurter certaines sensibilités nationales.


En dénonçant le traitement médiatique de Mohamed Lamine Belghit, le parti cherche peut-être à renforcer son image auprès de certaines franges de la population qui votent pour lui.


Le MSP entretient des relations fluctuantes avec les autorités. Son silence sur l’affaire Bouragaa pourrait être lié à une volonté de ne pas s’opposer frontalement au gouvernement à ce moment-là. En critiquant ENTV aujourd’hui, le parti tente de se positionner comme défenseur des libertés et de la justice, tout en évitant les sujets qui pourraient lui nuire politiquement.


Cette différence de réaction illustre les calculs politiques qui influencent les prises de position des partis en Algérie.


Affaire Belghit : un révélateur des fractures identitaires en Algérie

L'idéologie islamiste anti-Amazigh en Algérie repose sur une vision arabo-islamique de l'identité nationale, qui tend à marginaliser la culture et la langue amazighes.


Certains partis islamistes, comme le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front de la Justice et du Développement (FJD), ont rejeté la reconnaissance du tamazight comme langue officielle, estimant qu'elle menace l'unité arabo-islamique du pays.


Les courants islamistes ont toujours insisté pour que le tamazight soit transcrit en caractères arabes, refusant son écriture en alphabet latin. Des figures politiques et religieuses ont tenu des propos niant l'existence de la culture amazighe ou la qualifiant de création étrangère.


Depuis l'indépendance, l'État algérien a imposé une politique d'arabisation, excluant progressivement l'amazighité des institutions et de l'éducation. Cette idéologie, bien ancrée dans les sphères politiques et religieuses, continue d'alimenter les tensions identitaires en Algérie.


Quand la liberté d’expression sert d’alibi aux discours haineux

L'affaire Mohamed Lamine Belghit met en lumière les tensions identitaires persistantes en Algérie. Après avoir nié l'existence de la culture amazighe et l'avoir qualifiée de "création franco-sioniste", Belghit a été arrêté pour atteinte à l’unité nationale et diffusion de discours de haine.


Cette affaire illustre une fracture identitaire en Algérie, où l'amazighité est reconnue officiellement mais reste reléguée à un statut secondaire. Les partis islamistes, notamment le Mouvement de la société pour la paix (MSP), défendent Belghit sous prétexte de liberté d'expression, tout en refusant une véritable intégration du tamazight dans l’éducation et l’administration. La banalisation des discours anti-Amazigh et l’absence de sanctions renforcent cette exclusion.


Plus largement, ce débat montre comment l'identité nationale est encore façonnée par une idéologie arabo-islamique, où l'amazighité peine à trouver une place réelle, malgré des avancées légales. Cette polarisation pose la question de l’avenir du vivre-ensemble en Algérie.


Nadia B



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