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Discours de haine en Algérie: une menace pour la diversité culturelle

  • cfda47
  • il y a 11 heures
  • 4 min de lecture

La montée des discours de haine en Algérie est une préoccupation croissante, notamment en raison de tensions sociales et politiques. La communauté amazighe, en particulier les Kabyles, fait face à des discours négationnistes et racistes. L’arrestation récente de Mohamed Lamine Belghit pour ses propos niant l’existence de la culture amazighe a mis en lumière ces tensions. La situation est complexe, mêlant enjeux identitaires, politiques et sociaux.


Les discours de haine en Algérie ont des conséquences sociales profondes, affectant la cohésion nationale et la stabilité sociale. La banalisation de ces discours peut conduire à des actes de violence ciblés contre certaines communautés, mettant en péril la paix civile.


Mohamed Lamine Belghit a été arrêté le 3 mai 2025 après avoir déclaré sur Sky News Arabia que « la culture amazighe n’existe pas » et qu’elle serait une « création franco-sioniste ». Son arrestation a suscité beaucoup de questions, surtout que le personnage est connu pour son racisme anti-amazigh qu'il étale sur les plateaux télés algériens et sur les réseaux sociaux, sans jamais être inquiété.


Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) considère cette décision comme une manœuvre politique visant à protéger la stabilité de l’État algérien plutôt qu’à défendre les droits des Amazighs. Le CMA souligne que de nombreux discours négationnistes et racistes anti-Amazighs continuent d’être tenus sans poursuites judiciaires, notamment par des personnalités politiques et des organisations.


Cette affaire met en lumière les tensions identitaires en Algérie et la difficulté d’une reconnaissance effective de l’amazighité.


Les racines profondes du racisme anti-Amazigh en Algérie

Le racisme anti-Amazigh en Algérie trouve ses racines dans une longue histoire de marginalisation et d’arabisation forcée.


La France a favorisé une division entre Arabes et Berbères, renforçant les tensions identitaires. Après l’indépendance, l’État algérien a imposé une politique d’arabisation, marginalisant la langue et la culture amazighes.


En avril 1980, une révolte en Kabylie contre la répression culturelle amazighe, a été marquée par des manifestations et des arrestations. En juin 2001, le pays voit une répression violente des protestations en Kabylie, causant la mort de plus de 120 personnes.


Le paradoxe entre la condamnation des discours négationnistes et la persistance de la répression des militants amazighs souligne la complexité de la reconnaissance de l’amazighité en Algérie et les tensions politiques qui l’entourent.


L’amazighité sous pression : entre reconnaissance et marginalisation

Bien que la langue amazighe soit reconnue comme langue nationale et officielle depuis 2016, son enseignement reste facultatif dans le système éducatif algérien. Le Haut-Commissariat à l'Amazighité (HCA) a exprimé à plusieurs reprises son souhait de rendre l'apprentissage du tamazight obligatoire dans les trois cycles scolaires, mais cette mesure n'a pas encore été mise en place. Actuellement, seules certaines régions, comme Tizi Ouzou, Béjaïa et Tamanrasset, bénéficient d'un enseignement plus structuré de cette langue.


En 2021, une note du ministère de l'Éducation nationale avait même relégué le tamazight au statut de matière facultative, provoquant une vive contestation parmi les enseignants et militants amazighs. Face aux protestations, le ministère a finalement réintégré la langue dans l'emploi du temps officiel, mais sans en faire une matière obligatoire.


L'État algérien a longtemps promu une identité arabo-islamique, reléguant l'amazighité à un statut secondaire. L'enseignement et l'administration restent dominés par l'arabe, et les prénoms amazighs sont encore interdits dans certains cas. Des centaines d'Amazighs, notamment des Kabyles, sont emprisonnés pour avoir défendu leur langue et leur culture. Certains responsables et médias diffusent des propos négationnistes ou minimisent l'importance de la culture amazighe.


Cette situation reflète les tensions identitaires persistantes en Algérie et le manque de volonté politique pour une véritable intégration de la langue amazighe dans le système éducatif.


Pourquoi les discours anti-Amazigh restent impunis en Algérie ?

La banalisation des discours anti-Amazigh en Algérie est un phénomène préoccupant qui s'inscrit dans une longue histoire de marginalisation et de discrimination.


Les plateformes numériques deviennent des espaces de propagation de discours haineux, influençant négativement les perceptions et les interactions entre citoyens. Une augmentation des discours haineux visant les migrants africains a été signalée, notamment sur les réseaux sociaux, ce qui inquiète les organisations de défense des droits humains. La lutte contre ces discours nécessite une action concertée entre les autorités, la société civile et les plateformes numériques.


Certains discours haineux sont utilisés pour mobiliser des soutiens ou détourner l’attention des problèmes économiques et sociaux. Bien que la loi 20-05 existe pour lutter contre ces discours, son application reste limitée, ce qui encourage leur banalisation.


L’Algérie a adopté la loi 20-05 pour lutter contre la discrimination et les discours de haine, avec des peines allant jusqu’à 10 ans de prison. Elle prévoit des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison et des amendes importantes. Cependant, il semble que son application reste un défi, et il n’y a pas de condamnations notables rapportées. L’efficacité de cette loi dépend de sa mise en œuvre par les autorités et de la volonté politique de poursuivre les infractions.


En Algérie, plusieurs personnalités politiques ont été accusées de propager des discours de haine sans être condamnées. Par exemple, l'ancienne députée Naïma Salhi a été poursuivie pour incitation à la haine raciale et appel au meurtre de citoyens kabyles, mais elle a été placée en liberté provisoire. Cette impunité peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment des considérations politiques et idéologiques et un manque de volonté judiciaire.


De manière plus générale, certaines figures publiques et politiques ont été critiquées pour leurs propos discriminatoires, notamment envers les migrants subsahariens.


Yacine M


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