Affaire Belghit: un double-standard dans la défense des Droits Humains
- cfda47
- 6 mai
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Dernière mise à jour : 7 mai

Pétitions, communiqués et postes sur les réseaux sociaux ; la mise sous mandat de dépôt de l’universitaire Mohamed-Lamine Belghit a fait découvrir à beaucoup de personnalités politiques, des juristes et des universitaires une nouvelle vocation, celle de la solidarité sélective.
Lors d'une interview sur la chaîne émiratie Sky News Arabia, l'historien et universitaire, Mohamed Amine Belghit, a affirmé que la langue amazighe était un "projet franco-sioniste", ce qui a suscité une vive indignation en Algérie. Le parquet a estimé que ses propos constituaient une atteinte à l'unité nationale et une diffusion de discours haineux et discriminatoires. Son arrestation a également provoqué des tensions diplomatiques entre l'Algérie et les Émirats arabes unis, où la chaîne est basée.
Cette affaire soulève des questions sur la liberté d'expression, l'identité nationale et les tensions politiques en Algérie. Elle a également provoqué une réaction du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), qui a dénoncé les propos et appelé à une tolérance zéro face aux discours de haine. Selon certaines analyses, l'universitaire défend une idéologie arabo-islamiste à tendance suprémaciste.
L’ancien président du Mouvement de la société pour la Paix, Bouguerra Soltani, ami d’enfance de l’homme qui renie les origines du pays, a ainsi publié une série d’articles pour rappeler son compagnonnage avec Belghit et mettre en avant sa situation de fils de Chahid.
On y découvre un enfant espiègle et un universitaire « nationaliste » et « appliqué ». L’ancien ministre, nommé sénateur dans le Tiers présidentiel, n’a pas manqué de rappeler que lui et Mohamed-Lamine Belghit sont issus de la même tribu, comme si cela donnait plus de droits que ce que donnent les lois du pays.
De son coté, Abderrazak Makri, également ancien président du MSP, a publié un poste pour appeler le chef de l’Etat à la clémence en faisant libérer l’universitaire, innocent selon lui des accusations dont on l’a chargé.
L’homme politique, qui dit avoir subi l’arbitraire des autorités algériennes qui l’avaient empêché de quitter le pays fin 2023, ne semble pas tenir compte des formes. Dans sa missive, il tente de minimiser les affirmations de Mohamed-Lamine Belghit dont les propos n’avaient « aucune atteinte à un élément de l’identité nationale ».
Il est rejoint en cela par un ancien compagnon de route du leader islamiste, le cheikh Abdellah Djaballah. En retrait de la vie politique nationale depuis quelques années, le fondateur de plusieurs partis dont le Ennahdha, est venu au secours de son ancien compagnon de route, l’universitaire étant un ancien militant de cette mouvance durant ses années étudiantes.
Même Abdelkader Bengrina, qui soutient le pouvoir dans toutes ses démarches, a écrit au président Tebboune pour le supplier de libérer l'universitaire emprisonné.
En plus de ces personnalités politiques, des universitaires, notamment des professeurs d’Histoire de plusieurs universités algériennes se sont joints au chœur des soutiens à Mohamed-Lamine Belghit. Ils demandent tout simplement au président de la République de libérer leur collègue qui n’aurait fait qu’exprimer un avis « scientifique ». D’où la nécessité de « tenir compte » de « la place des universitaires dans le pays ». Une option également défendue par l’Association des Oulémas qui, contrairement aux autres, n’a pas demandé expressément la libération de l’universitaire placé en détention provisoire.
Si l’appel à la libération, ne serait-ce que provisoire du Professeur Belghit est partagé par d’autres défenseurs des droits de l’Homme qui proposent soit un débat d’idées soit des peines non privatives de la liberté de l’universitaires, ces nouveaux défenseurs des Droits humains ont ceci de commun : jamais depuis ces cinq dernières années, ils n’ont levé le petit doigt, élevé la moindre voix, pour dénoncer les centaines d’arrestations, de détentions arbitraires subies et dont sont victimes des Algériens et des Algériennes.
Plus de 200 personnes se trouvent actuellement derrière les barreaux souvent pour de petits postes sur les réseaux sociaux ou pour avoir exprimé une opinion. Mais visiblement, la liberté de ces Algériens ne vaut pas la peine d’être défendue pour ces défenseurs des Droits de l’Homme de la dernière heure.
E. Wakil
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