L’Algérie, une République sous emprise : Quand le pouvoir s’éloigne du droit
- cfda47
- 3 août
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Dernière mise à jour : 5 août

L’élection présidentielle de septembre 2024, qui a reconduit Abdelmadjid Tebboune avec plus de 84 % des voix, s’est déroulée dans un climat marqué par la répression, le verrouillage du débat public et une mise à l’écart systématique des voix dissidentes. Aujourd’hui, un an plus tard, la promesse de consolidation de l’État de droit semble avoir cédé la place à une gouvernance autoritaire, où les libertés fondamentales sont régulièrement bafouées.
Depuis la réélection d’Abdelmadjid Tebboune en 2024, de nombreuses organisations de défense des droits humains ont dénoncé un affaiblissement grave de l’État de droit en Algérie. Le pouvoir judiciaire manque cruellement d’indépendance, et les recours juridiques sont souvent inefficaces.
De nombreux analystes et ONG dénoncent une concentration du pouvoir et une mainmise croissante de l’armée sur les institutions civiles en Algérie.
Ces éléments pointent vers une crise profonde de la légalité institutionnelle, où les garanties constitutionnelles ne sont plus respectées.
Un pouvoir militaire renforcé
En 2025, le chef d’état-major Saïd Chengriha a consolidé ses prérogatives en devenant ministre délégué à la Défense, ce qui lui donne un contrôle direct sur les nominations et les décisions stratégiques. Il intervient désormais dans des secteurs clés comme la diplomatie, le renseignement et même l’économie (pétrole et gaz), ce qui dépasse largement le cadre militaire.
Bien que le président Abdelmadjid Tebboune ait été réélu en 2024, son pouvoir est largement perçu comme subordonné à l’armée.
Les décisions politiques majeures semblent émaner des cercles militaires, reléguant les institutions civiles à un rôle secondaire.
Une justice au service du politique
Le système judiciaire est souvent utilisé pour réprimer les voix dissidentes, avec des accusations de « terrorisme » contre des journalistes ou avocats.
La multiplication des procès expéditifs visant journalistes, artistes, avocats ou militants laisse entrevoir une instrumentalisation préoccupante de la justice. Le mouvement « Manich Radi », initié sur les réseaux sociaux, a vu ses porte-parole poursuivis pour des délits d’opinion.
Le droit au procès équitable s’efface derrière une logique de sanction.
Libertés fondamentales sous étau
La liberté d’expression, déjà limitée, est désormais criminalisée. Les libertés fondamentales sont restreintes : interdictions de sortie du territoire, arrestations de militants, censure culturelle.
Djamila Bentouis, artiste engagée, a purgé une peine de deux ans pour des paroles dénonçant la répression du Hirak. À Béjaïa, la censure s’étend jusqu’aux événements culturels, comme l’interdiction du livre Kabylie en partage.
Entrée et sortie du territoire : un verrou politique
Depuis 2024, l’interdiction de sortie du territoire (IST) est utilisée à l’encontre de militants, avocats et intellectuels critiques. Plusieurs citoyens se sont vus bloqués à l’aéroport sans notification judiciaire.
Dans le même temps, l’interdiction d’entrée en Algérie frappe des binationaux, des journalistes, voire des membres de la diaspora engagés. Aucun motif officiel n’est souvent communiqué, et le recours est quasiment impossible. Cette pratique crée un véritable exil intérieur et extérieur, et constitue une forme insidieuse de punition sans procès.
Une Kabylie ciblée
Des mesures spécifiques frappent cette région : événements culturels censurés, arrestations d’avocats comme Sofiane Ouali, et campagnes médiatiques stigmatisantes. Ce ciblage régional renforce la fracture entre l’État central et ses citoyens.
Démocratie de façade
Dans ce contexte, la réélection du président Tebboune ne peut être considérée comme le reflet d’un choix libre et éclairé. L’absence de concurrence réelle et les entraves aux libertés civiles réduisent l’élection à une mise en scène politique.
Une voix qui refuse le silence
« En tant que citoyenne concernée, je refuse de considérer cette dérive comme une fatalité », estime une journaliste algérienne.
« L’Algérie mérite un État de droit digne de ce nom, où l’on peut critiquer, créer, voyager et rêver sans craindre l’arbitraire. Il est urgent que la société civile, la diaspora et la communauté internationale se mobilisent pour que l’on redonne sens aux principes de justice, de liberté et de dignité humaine », dénonce pour sa part un avocat algérien.
Vers une dérive autoritaire ?
Des observateurs internationaux parlent d’un autoritarisme consolidé, où l’armée incarne le véritable centre de pouvoir. Cette situation ravive les tensions internes et pourrait provoquer une nouvelle vague de contestation populaire.
La rédaction



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