
La journaliste tunisienne Chadha Hadj Mbarek a été condamnée ce mercredi 5 février 2025 à 5 ans de prison par la deuxième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Au cœur de cette condamnation, l'affaire “Instalingo”, qui vise une société de Sousse spécialisée dans la création de contenu numérique.
L'entreprise est accusée “d'atteinte à la sûreté de l'État”, de “blanchiment d'argent” et “d'offense sur les réseaux sociaux”. Cette affaire prend une dimension dramatique lorsqu'on examine le parcours de Chadha Hadj Mbarek : depuis juillet 2023, elle est incarcérée à la prison de Messadine, son état de santé se détériorant de manière inquiétante.
Face à cette situation, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a rapidement réagi, appelant le ministère de la Justice à assurer la protection et les soins nécessaires aux journalistes. Ce cas individuel révèle en réalité un problème systémique. Au moins 39 journalistes ont fait l'objet de poursuites judiciaires depuis mai 2023.
La situation s'aggrave avec la prolongation de l'état d'urgence jusqu'à fin 2025, donnant des pouvoirs exceptionnels au ministère de l'Intérieur, notamment en matière de surveillance médiatique. Conscient des enjeux, le SNJT a annoncé son intention de faire appel, dénonçant l'utilisation de lois comme le décret-loi n°54 et la loi antiterroriste pour poursuivre les journalistes en dehors du cadre légal de la liberté de la presse.
Un combat qui dépasse largement le sort individuel de Chadha Hadj Mbarek, et qui interroge sur les libertés fondamentales en Tunisie.
Sophie K/ Agences
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