top of page

Ahmed Taleb-Ibrahimi, un symbole du paradoxe des militants algériens

  • cfda47
  • 5 oct.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 oct.

ree

Ahmed Taleb-Ibrahimi est parti à 93 ans après une vie pleine de rebondissements. Enfant de la lutte pour l’indépendance, opposant opprimé et torturé durant les premières années de l’indépendance, pilier du régime durant de longues années puis à nouveau opposant dans ses vieux jours, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 1999 a incarné à lui seul les paradoxes des hommes et femmes politiques algériens.


Comme beaucoup d’hommes et de femmes de sa génération, Ahmed Taleb-Ibrahimi a commencé sa carrière politique durant la guerre d’indépendance. Membre de l’UGEMA, l’Union générale des étudiants musulmans algériens puis responsable politique du FLN, le fils de l’ancien secrétaire général de l’association des oulémas musulmans algériens, Bachir El-Ibrahimi, a connu la prison durant les dernières années de la guerre d’indépendance. Comme beaucoup de militants de sa génération, l’homme a donc acquis la légitimité révolutionnaire, indispensable pour ceux qui ont postulé aux fonctions supérieures de l’Etat après la libération.


Mais cette légitimité révolutionnaire, couplée à une légitimité académique tant le jeune Ahmed Taleb-Ibrahimi avait suivi un cursus en médecine au milieu des années 1950, ne lui a pas épargné la prison et la torture après l’indépendance. Mais contrairement à ce qu’il avait vécu avant 1962, le supplice n’est pas venu cette fois-ci des colonisateurs mais des frères d’armes d’hier. Ironie de l’Histoire, même son père, le très respecté Bachir El-Ibrahimi a subi des sévices corporels durant les premiers mois de la présidence de Ahmed Benbella.


Mais la vie n’est pas faite que de blanc et de noir. Ahmed Taleb-Ibrahimi a succombé aux sirènes du nouveau dictateur, Houari Boumediène qui le nommera ministre de l’Information, puis celui de la Culture et de l’Education nationale. C’était l’occasion pour le jeune et fringant médecin de réhabiliter son père et le mouvement des Ouléma, en même temps qu’il a remis l’Emir Abdelkader au cœur de l’Histoire du pays. Il a également été en grande partie à l’origine de l’instauration de l’école fondamentale. Puis, il sera nommé pendant de longues années ministre des Affaires Etrangères sous Chadli Bendjedid. Durant ces années, Krim, Khider et d’autres opposants, d’illustres dirigeants de la révolution, ont été assassinés ; d’autres opposants ont été arrêtés et emprisonnés.


Comme beaucoup d’anciens dirigeants, Ahmed Taleb-Ibrahimi a découvert l’opposition après son départ du pouvoir. Durant les années 1990, il a rejoint des figures historiques, notamment deux anciens cadres du régime du parti unique à savoir Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Mehri en plus de l’éternel opposant Hocine Aït-Ahmed, pour créer un front opposé à la gestion sécuritaire de la crise des années 1990. Comme beaucoup d’anciens militants, Ahmed Taleb-Ibrahimi a fini par être désabusé et s’est retiré de la scène publique depuis sa candidature à l’élection présidentielle de 1999 durant laquelle il s’était retiré, la veille du scrutin qui allait porter Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, en compagnie de Hocine Aït-Ahmed, Mouloud Hamrouche, Youcef Khatib et Abdellah Djaballah.


Pour la postérité, Ahmed Taleb-Ibrahimi a pris le temps d’écrire ses mémoires dans plusieurs tomes, d’abord en français avant d’être traduits en arabes pour quelques-uns. Il a fait ainsi œuvre utile de laisser une trace écrite aux générations futures. Paix à son âme.


Essaïd Wakli

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page