Algérie: censure et négation des disparitions forcées, le CFDA alerte
- cfda47
- 23 mai
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Le Collectif des Familles de Disparu·e·s en Algérie (CFDA) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’organisation dénonce une intensification alarmante des entraves à son action, entre interdictions d’événements publics, blocages numériques, et destruction pure et simple de ses espaces de mémoire.
Le Collectif des Familles de Disparu.e.s en Algérie (CFDA) continue de dénoncer la censure croissante et la négation des disparitions forcées par les autorités algériennes. Depuis sa création, le CFDA se bat pour faire la lumière sur les disparitions forcées qui ont marqué l’Algérie, notamment durant les années 1990. Mais cette quête de Vérité et de Justice dérange. Et selon le collectif, elle est aujourd’hui la cible d’une « offensive coordonnée » de censure et d’intimidation.
Au cours des derniers mois, deux initiatives majeures portées par le CFDA à Alger ont été empêchées par les autorités. La première portait sur la justice transitionnelle, la seconde sur les droits des femmes. À chaque fois, les forces de sécurité ont encerclé les quartiers concernés, empêchant les membres du collectif et les participants d’accéder aux lieux des rencontres. Une méthode jugée brutale et clairement dissuasive.
Mais la répression ne s’arrête pas là. Le CFDA dénonce également des attaques persistantes contre ses outils de communication. Dès sa création en 2016, la Radio des Sans Voix, première radio en ligne du collectif, dédiée exclusivement aux droits humains, a été bloquée en Algérie. Depuis, elle fait face à des tentatives répétées de piratage.
Le point culminant a été atteint avec la destruction totale du site du Mémorial des Disparu·e·s, un espace numérique dédié à la mémoire des victimes des disparitions forcées. « Faire disparaître ce site, c’est tenter de faire disparaître les disparu·e·s une seconde fois », alerte le CFDA. Le site principal de l’organisation est lui aussi devenu inaccessible depuis le territoire algérien.
Pour le CFDA, ces attaques s’inscrivent dans une « politique assumée de négation, de censure et de réécriture de l’histoire ». L’organisation estime que l’objectif est clair : réduire au silence les familles, bloquer l’accès à l’information pour les chercheurs, les étudiants, et les défenseurs des droits humains. Face à cette offensive, la présidente du CFDA, Nassera Dutour, reste déterminée:
« Nous poursuivrons notre travail avec détermination et dignité. Contre la censure, nous opposons la mémoire. »
Le CFDA réaffirme ainsi son engagement à accompagner les familles, documenter les violations, et exiger Vérité et Justice. Sa mission, dit-il, est plus que jamais d’actualité : lutter contre l’oubli, faire la lumière sur les crimes du passé, et empêcher leur répétition.
Opposition et censure: un combat pour la liberté d’information mais aussi pour la vérité et justice
Le Collectif des Familles de Disparu.e.s en Algérie (CFDA) est une association créée en 1998 par des familles algériennes cherchant à obtenir des réponses sur leurs proches disparus durant la décennie noire des années 1990.
Le CFDA milite pour la vérité et la justice concernant les disparitions forcées, estimées à près de 10 000 personnes, enlevées par des groupes armés islamistes ou arrêtées par les forces de sécurité de l’État. L’association travaille en collaboration avec des organisations internationales comme Amnesty International, Fédération Internationale des droits humains (FIDH) et Human Rights Watch pour sensibiliser à cette cause et exiger des enquêtes indépendantes.
Le collectif mène également des campagnes de plaidoyer et publie des rapports sur la situation des droits humains en Algérie. Il organise des événements, comme la Journée internationale contre les disparitions forcées, pour maintenir la pression sur les autorités et obtenir des avancées législatives.
Le CFDA souligne que la justice algérienne manque d’indépendance et que les familles des disparus font face à des intimidations lorsqu’elles réclament la vérité. L’organisation appelle à une mobilisation internationale pour exiger des enquêtes transparentes et la reconnaissance des victimes.
Yacine M
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