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Algérie: Lynchage « officiel » contre le journaliste Farid Alilat

  • cfda47
  • 17 mai
  • 3 min de lecture

Depuis quelques jours, le journaliste algérien établi en France Farid Alilat fait l’objet d’attaques et d’une campagne de discrédit orchestrée par certains médias algériens. Des sites d’informations, des journaux et des chaines de télévisions privées financés par la publicité étatique ont mené une campagne de dénigrement, visiblement orchestrée par les autorités. À l’origine de ces attaques, un post Facebook où il soulignait la contradiction d’un ministre algérien critiquant la France tout en y inscrivant ses enfants à la Sorbonne.


D’abord les faits. Le grand reporter, qui travaille depuis deux mois au magazine Le Point après une longue carrière chez Jeune Afrique, a publié sur sa page Facebook un court poste pour montrer la contradiction d’un ministre algérien -sans le citer- qui s’en prend de manière véhémente à la France tout en inscrivant ses deux enfants à la Sorbonne.


Quand l’insulte remplace le débat : les dérives du discours officiel

Cela a suffi pour que les diatribes commencent : dans un pamphlet écrit en français et traduit en arabe, on présente Farid Alilat, qui a une longue carrière derrière lui en Algérie (Le Matin, Liberté où il fut notamment directeur de la Publication) avant d’aller briller en France, sous de mauvais atours ; Un « scribouillard » qui « n’a pas de sources » pour écrire ses articles, en passant par le classique « traitre » que les autorités algériennes distribuent à tort et à travers à ceux qui refusent de diffuser leur propagande.


Dans le même document, d’autres journalistes et écrivains algériens, plus précisément Mohamed Sifaoui et Kamel Daoud, sont traités de la même manière. Et pour les faits ? L’article effleure à peine l’information selon laquelle les fils du ministre étaient inscrits dans une université française. Il dément que les deux jeunes hommes aient « profité » du système universitaire français.


Dans sa réponse, Farid Alilat, qui vient de publier une enquête minutieuse sur l’assassinat en 1970 de la figure de la révolution algérienne Krim Belkacem, accuse un fonctionnaire de la présidence de la République -là aussi sans donner de nom- d’avoir « instruit » le ministre de la Communication Mohamed Meziane, pour écrire ce papier, signé sous un pseudonyme d’un universitaire qui n’existe nulle part. Dans le respect, il dit ne pas tenir rigueur aux journalistes et aux responsables des médias « obligés de compter sur l’argent public pour payer les salaires » de leurs employés.


Interdiction d’entrée en Algérie : un précédent inquiétant

Avant de subir ce lynchage, Farid Alilat, détenteur de la seule nationalité algérienne, a déjà fait l’objet d’une interdiction d’entrer dans son pays.


Une décision arbitraire et anticonstitutionnelle que le gouvernement algérien a assumé puisque l’ancien ministre de la Communication, Mohamed Laagab, qui distinguait entre le journaliste et le citoyen a expliqué que la mesure était prise « contre Farid Alilat, le journaliste de Jeune Afrique, un journal anti-algérien » et non pas contre « le citoyen Farid Alilat » qui « est le bienvenu dans son pays ». La différence est selon lui que l’écrivain était venu à ce moment-là « en mission journalistique ». Peu importe si le magazine panafricain était arrosé, quelques années auparavant, de la publicité publique pour faire la propagande du pouvoir de l’époque !


L’utilisation des médias étatiques comme outils de pression politique

Cette nouvelle attaque contre un journaliste algérien, un écrivain reconnu, est venue des hautes autorités algériennes. Le procédé n’est certes pas nouveau -en 2015, l’ancien ministre de la Communication Hamid Grine avait chargé les médias financés par l’ANEP de s’attaquer aux rares journaux qui ne suivaient pas la propagande officielle- mais ce qui est inquiétant est de voir que l’insulte, le dénigrement tiennent lieu de stratégie de communication. Plus grave : alors que le pays est sérieusement cerné de toute part, les autorités n’ont pas trouvé mieux que de mobiliser autant de médias, de journalistes pour s’en prendre à un homme seul !


Liberté d’expression en Algérie : entre contrôle médiatique et répression

Ce qui prouve que ces dirigeants qui crient sur tous les toits vouloir lutter contre les « fausses informations » ont peur de la vérité qui ne peut être rendue publique que par un journaliste professionnel et, surtout, libre.


Cet épisode met en lumière les tensions entre le pouvoir algérien et les journalistes indépendants, posant une nouvelle fois la question de la liberté d’expression et de l’instrumentalisation des médias à des fins politiques.


E. Wakli

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