Algérie : le FFS dresse un réquisitoire au vitriol contre un système "en décomposition"
- cfda47
- 13 sept.
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Dernière mise à jour : 15 sept.

Sous pression sociale et politique, le Front des Forces Socialistes accuse le pouvoir algérien d’asphyxier la vie publique et de manipuler les institutions, dénonçant un système incapable de se réformer et mettant en garde contre “de nouveaux échecs dont personne ne pourra mesurer les conséquences”.
La rentrée politique en Algérie s’ouvre sur une déclaration au vitriol du Front des Forces Socialistes (FFS). Dans un communiqué signé par son premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, le parti parle d’un pays “prisonnier de l’unilatéralisme, de l’improvisation et d’un dysfonctionnement structurel”. L’opposition accuse le pouvoir de réduire la vie publique à une mécanique répressive : “La judiciarisation du politique et la gestion sécuritaire de la vie publique deviennent intenables, insupportables. L’arbitraire étouffe la société. Les arrestations, le harcèlement et les intimidations enferment le pays dans une spirale asphyxiante et dangereuse.”
Le texte décrit un système institutionnel en décomposition, où la Constitution est “une variable d’ajustement” et où les règles de l’État de droit sont contournées au gré des décisions. Le report de la rentrée parlementaire, jugé “hors de tout fondement constitutionnel”, en est pour le FFS l’exemple le plus récent. Plus largement, il dénonce un paysage politique brouillé par des “structures para-politiques, dépourvues de représentations réelles”, dont l’unique fonction serait de neutraliser les partis existants. “Le dumping politique auquel s’adonne le pouvoir (…) ne fera qu’aggraver la situation”, avertit le parti.
À l’échelle économique, le constat est tout aussi sévère. Le FFS parle de “beaucoup de promesses, peu de réalisations” et souligne l’incapacité du pays à sortir de sa dépendance aux hydrocarbures. La gestion des importations, du dossier automobile ou de la régulation du marché est qualifiée d’ “approximative”. Les chiffres s’accumulent : chômage massif, inflation, dépréciation du dinar. Le pouvoir d’achat chute, le marché informel prospère, les inégalités se creusent. “La communication remplace la stratégie, l’effet d’annonce supplante la décision, et le conjoncturel étouffe le structurel”, résume le communiqué.
Le document consacre aussi une large place à la dimension sociale. Les fléaux s’étendent, la jeunesse se détourne, et la migration clandestine devient une échappatoire non plus seulement pour des jeunes isolés mais pour “des familles entières et des adolescents”. Le parti relie cette dérive à l’absence de perspectives et à un climat d’“incertitude et de désespoir” qui mine la société.
Face à cette impasse, le FFS propose un “Nouveau Contrat Politique et Social” qui consiste à refonder l’État sur la primauté du droit et la séparation des pouvoirs, bâtir une économie productive et diversifiée, réhabiliter la société en libérant les énergies de la jeunesse et en réaffirmant les valeurs de tolérance. “La résilience nationale ne se construit ni par les slogans creux, ni par l’autoritarisme aveugle, mais par des réformes profondes” , insiste le texte, qui convoque l’esprit du Hirak de 2019 et les valeurs de Novembre comme référence.
Le communiqué se conclut par deux questions adressées à la nation : “Que faire afin que les échecs du passé ne se reproduisent plus ? Quel avenir voulons-nous construire pour nos enfants ?” Des interrogations qui sonnent comme un avertissement. Selon le FFS, maintenir le cap actuel, c’est exposer le pays à “de nouveaux échecs dont personne ne pourra mesurer les conséquences”.
Amine B.



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