Algérie : le parti d’opposition « RCD » participera aux prochaines élections
- cfda47
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Après des années de boycott systématique des élections, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a décidé, à l’issue de la réunion vendredi 19 décembre de son conseil national tenu à Alger, de prendre part aux prochaines élections législatives et locales de l’année prochaine.
Pourtant, dans son discours d’ouverture, le président du RCD, Atmane Mazouz, a dressé un tableau noir de la situation du pays. Pour lui, le pouvoir « persiste dans une logique de gouvernance autoritaire, fondée sur la peur, la restriction des libertés, la criminalisation de l’opinion et la gestion sécuritaire du politique. Cette logique n’est pas seulement antidémocratique, elle est dangereuse pour la cohésion nationale et pour la stabilité du pays ».
Au lieu d’ouvrir des perspectives, « le régime entretient l’immobilisme. « Au lieu de dialoguer, il réprime. Au lieu de réformer, il communique souvent mal. Cette fuite en avant ne peut mener qu’à davantage de désenchantement, de colère sociale et de ruptures silencieuses entre l’État et la société », a encore ajouté le dirigeant politique.
Plus grave, Atmane Mazouz relève que « la prison est redevenue un instrument de gestion politique. Des citoyens sont emprisonnés pour une publication, une opinion, une parole libre. Des militants, des journalistes, des universitaires, des activistes associatifs paient le prix fort de leur engagement pacifique ».
Sur le plan économique et social, le chef du RCD a relevé que « l’inflation grignote le pouvoir d’achat. Le chômage frappe massivement les jeunes, y compris les diplômés. Les classes moyennes s’effondrent. Les inégalités se creusent. Et pendant ce temps, la corruption change simplement de forme, sans jamais être éradiquée ».
La décision du RCD de participer aux élections de 2026 est singulière dans la mesure où le parti a boycotté systématiquement tous les scrutins depuis 2019, estimant que tout ce qu’organise le pouvoir algérien était entaché d’irrégularités. Mis plusieurs paramètres ont poussé les responsables du parti à changer de position. A commencer par la situation organique qui fait que l’absence d’horizon fait fuir des compétences qui ne voient pas le bout de tunnel.
A cela s’ajoute l’inefficacité d’une opposition qui se situe en dehors des institutions de l’Etat : marginalisée, boycottée et pourchassée, l’opposition est devenue inaudible et son champ d’action est largement réduit. Mais aussi l’absence quasi-totale de financements puisque les partis politiques reçoivent des financements publics en fonction de leur représentativité au parlement, en plus des dons des militants. Or, la chape de plomb qui pèse sur la vie politique du pays n’encourage pas les militants à donner de l’argent au partis politiques, par crainte de poursuites. En plus de cela, une participation aux élections ouvrira aux partis politiques les portes des médias et des meetings populaires.
A rappeler qu’avant le RCD, le PT et le FFS ont déjà annoncé leur intention de participer aux élections de 2026 qui ne seront donc boycottées par aucun parti agréé.
Essaïd Wakli