Algérie : Quand le “Rassemblement National Démocratique” menace la démocratie
- cfda47
- il y a 1 jour
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Le dépôt d’un projet de loi visant à permettre la déchéance de nationalité pour les Algériens d’origine, porté par des députés du Rassemblement National Démocratique (RND), soulève une contradiction flagrante : comment un parti qui se revendique “démocratique” peut-il proposer une mesure aussi fondamentalement antidémocratique ?
C’est toute l’ironie politique : le nom “Rassemblement National Démocratique” évoque l’unité et la démocratie, mais le projet de loi sur la déchéance de nationalité porté par ses députés incarne une logique de division et d’autoritarisme.
Il ne suffit pas de s’appeler “démocratique” pour l’être. La démocratie se prouve dans les actes, dans la protection des droits, dans l’écoute des voix discordantes. Face à cette dérive, la société civile, les journalistes, les juristes, et les citoyens doivent rappeler que la nationalité n’est pas une faveur, mais un droit inaliénable.
Une citoyenneté sous condition
Ce projet ne vise pas les fraudeurs ni les criminels de droit commun. Il cible les voix dissidentes, les exilés, les journalistes critiques, les militants de la mémoire et de la justice. Il prétend défendre l’unité nationale, mais en réalité, il instaure une citoyenneté à deux vitesses, où l’appartenance à la nation devient révocable selon des critères politiques.
La nationalité, conquise dans le sang et la dignité, devient une monnaie d’échange idéologique, un outil de punition pour ceux qui refusent le silence.
Le RND : gardien de l’ordre ou fossoyeur du droit ?
Le RND, parti né dans les années 1990 en pleine crise politique, s’est toujours positionné comme pilier institutionnel, garant de la stabilité et de la continuité étatique. Mais cette posture glisse aujourd’hui vers une logique de verrouillage, où la démocratie n’est plus qu’un mot dans l’intitulé.
En proposant de retirer la nationalité à des citoyens d’origine, le RND viole les principes constitutionnels, nie la pluralité des opinions, et transforme le Parlement en chambre d’enregistrement de l’exclusion.
Une stratégie de visibilité politique
Affaibli par le Hirak et les recompositions internes, le RND cherche à se repositionner comme défenseur de l’autorité nationale. Ce projet de loi est une manœuvre : il permet au parti de se montrer utile au pouvoir, de réaffirmer sa loyauté, et de capter l’attention médiatique.
Mais cette stratégie est dangereuse. Elle normalise la répression symbolique, elle légitime l’arbitraire, et elle sape les fondements de la citoyenneté algérienne.
Une réponse collective s’impose
Face à cette dérive, il ne suffit pas de dénoncer. Il faut mobiliser, écrire, signer, publier. Il faut rappeler que la démocratie ne se mesure pas aux slogans, mais aux actes. Que l’algérianité ne se retire pas par décret. Que la critique est une forme d’amour, et que l’exil n’est pas une trahison.
Ce projet de loi est une alerte. Il nous oblige à choisir : défendre une citoyenneté libre et inaliénable, ou accepter qu’elle devienne un privilège conditionné à la soumission.
Yacine M



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