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Algérie : un “remède” traditionnel au kohol tue des nourrissons

  • cfda47
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 7 heures

mage : istockphoto
mage : istockphoto

Selon le service de toxicologie, continuer à donner du kohol par la bouche aux nourrissons revient à exposer volontairement des bébés à un risque immédiat pour leur vie, et à hypothéquer leur avenir en cas de survie.  


Arrêtez de les empoisonner”. C’est le message du service de toxicologie du CHU Mohamed Lamine Debaghine de Bab El Oued (Alger), après une hausse préoccupante des cas de intoxication aiguë au plomb chez des nourrissons, liée à l’utilisation du kohol par voie orale pour des raisons dites médicales ou traditionnelles.  


Selon l’alerte rendue publique ce dimanche par l’établissement, le service a enregistré plusieurs cas de saturnisme grave chez des bébés auxquels on a administré du kohol, un produit qui contient des quantités très élevées de plomb, non pas sur les yeux, mais directement dans la bouche.  


Les médecins citent notamment quatre situations récentes, à savoir un nourrisson de 19 mois, avec un taux de plomb dans le sang de 52,5 microgrammes par litre, hospitalisé longuement; un nourrisson de 12 mois, avec un taux de 722,4 microgrammes par litre, présentant des complications graves ; un nourrisson de 10 mois, pour lequel une intoxication aiguë au plomb est fortement suspectée, même si la plombémie n’a pas pu être mesurée. Les médecins signalent enfin le décès d’un enfant de 14 mois, dont le sang contenait 102 microgrammes de plomb par litre.

 

L’hôpital rappelle que, pour les enfants, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe le seuil d’alerte à 50 microgrammes par litre. Les niveaux observés dans ces cas dépassent largement cette limite, ce qui correspond à des intoxications aiguës et potentiellement mortelles.  


Le plomb est une neurotoxine particulièrement dangereuse pour les nourrissons et les jeunes enfants. Le CHU de Bab El Oued insiste sur la gravité des effets possibles : anémie sévère, convulsions, coma, puis décès dans les formes les plus aiguës. Pour les enfants qui survivent, les séquelles peuvent être lourdes et définitives : retard psychomoteur irréversible, troubles du comportement, déficit cognitif permanent. Autrement dit, même lorsque l’enfant ne meurt pas, son développement et ses capacités futures peuvent être durablement compromis.  


Les médecins soulignent que ces intoxications ne sont pas le fruit d’accidents industriels ou d’expositions environnementales massives, mais de pratiques présentées comme “médicales” ou “traditionnelles” dans certains milieux. Le kohol est utilisé comme un remède supposé protéger ou soigner l’enfant, alors qu’il s’agit en réalité d’un produit à très forte teneur en plomb. Administré par voie orale, il devient une source directe de contamination massive.  


Le CHU Mohamed Lamine Debaghine qualifie ces pratiques de dangereuses et appelle clairement à y mettre fin. Selon le service de toxicologie, continuer à donner du kohol par la bouche aux nourrissons revient à exposer volontairement des bébés à un risque immédiat pour leur vie, et à hypothéquer leur avenir en cas de survie.  


Le message s’adresse d’abord aux familles, aux proches et à toutes les personnes qui entourent les jeunes enfants. L’hôpital invite les parents à ne plus utiliser ces préparations pour des “soins” ou des rituels, et à se tourner vers les services de santé en cas de doute ou de problème médical. Toute ingestion de kohol ou de produit similaire par un nourrisson doit être considérée comme une urgence et justifie une consultation rapide.  


Sophie K.  

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