Algérie: une nouvelle initiative des démocrates fait son chemin

Alors que la scène politico-médiatique est fermée en Algérie et l’opposition marginalisée, des personnalités de la mouvance démocratique ont lancé une nouvelle initiative politique. Dans un long appel rendu public jeudi 29 mai, ce groupe s’estime en « devoir de répondre collectivement » à une « situation inacceptable » créée par « l’emprise d’un régime autoritaire masqué derrière une démocratie trompeuse ».

Avant d’arriver à cela, les signataires de l’appel ont fait un constat : « Le blocage persistant de l’alternative démocratique, dissimulé par un multipartisme de façade, révèle une confiscation structurelle de la souveraineté populaire ». Plus que cela, ils estiment que « la démocratie est pervertie » et l’État est « dévoyé par le populisme et la démagogie » au point de devenir « un outil d’accaparement des richesses nationales ».

Or, face à cette situation, le mouvement démocratique, « entravé par l’asphyxie politique, le verrouillage médiatique, l’absurdité institutionnelle et ses propres divisions, peine à créer les conditions d’une sortie du totalitarisme », note le document qui n’est pas signé pour l’instant. Le mouvement démocratique a donc échoué et cela est lié également à « la dispersion du militantisme, exacerbée par des acteurs détournés de l’indignation collective pour promouvoir avant tout leurs intérêts individuels ». Pour dépasser cela et « raviver la flamme du militantisme », « nous devons (…) surmonter nos divisions et nos querelles, renoncer aux actions isolées, rompre les liens affectifs avec des personnalités et des organisations repliées sur elles-mêmes et nous détacher des privilèges indûment acquis ».

Simple initiative extra-partisane, cet appel n’a pas encore arrêté définitivement une formule. Une chose est sûre : « Il ne s’agit pas là de remplacer les forces démocratiques existantes, mais de bonifier leur potentiel qualitativement et quantitativement en unissant leurs forces. », notent les rédacteurs du document. Pour le reste, « tout reste ouvert. Il n’y a rien de définitif », assure un des initiateurs de l’appel qui dit que le groupe de départ veut laisser le temps à d’autres éventuelles adhésions.

Parmi les personnalités qui ont initié l’appel, on trouve Ali Laskri, l’ancien premier secrétaire national du FFS, Mohamed Lourguioui, ancien secrétaire général de l’UCP, Zoubir Arrous, sociologue ou encore les deux journalistes Mohamed Iouanoughène et Mohamed Mouloudj.

Des responsables actuels de certains partis, à l’instar de Rachid Hassani, secrétaire national à la communication du RCD, font également partie des initiateurs. Leur but est de tenter de perpétuer le PAD (Pacte pour une alternative démocratique), un cadre qui a regroupé une quinzaine de partis politiques de la mouvance démocratique dont l’élan a été freiné par des poursuites judiciaires contre le PST et le MDS d’un côté et le retrait de la nouvelle direction du FFS qui a reproché à l’initiative un « un regroupement de chapelles ». Le parti qui préside Youcef Aouchiche a proposé, à la place du Pas, une offre de « dialogue inclusif » avec l’ensemble de la classe politique.

E. Wakli