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Autisme en Algérie : une avancée présidentielle, mais quels défis derrière l’annonce ?

  • cfda47
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 10 heures

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Le 16 septembre 2025, la présidence algérienne a officialisé la création d’un Centre national de l’autisme, accompagné d’annexes régionales dans quatre wilayas (Tipaza, Oran, Tébessa, Béchar). Présentée comme une réponse structurelle aux besoins des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA), cette décision suscite autant d’espoir que d’interrogations.


L’annonce présidentielle portant création d’un Centre national de l’autisme accompagné d’annexes régionales, a été saluée comme une avancée majeure dans la reconnaissance des troubles du spectre autistique (TSA) en Algérie. Pourtant, les associations de terrain, tout en exprimant leur satisfaction, appellent à une vigilance accrue sur la mise en œuvre concrète de cette initiative.


Une annonce attendue… depuis des années

La mesure s’inscrit dans le Plan national autisme 2024–2029, censé coordonner les efforts intersectoriels en matière de dépistage, de formation, et d’inclusion. Le centre national aura pour mission de former les professionnels de santé et d’éducation. Élaborer des programmes pédagogiques unifiés et coordonner les diagnostics précoces et les suivis thérapeutiques.


Pour les familles concernées, souvent livrées à elles-mêmes, cette annonce représente une reconnaissance institutionnelle longtemps espérée.


Pour Faïçal Naït Bouda, secrétaire général de l’Association nationale Autisme Algérie (ANAA), cette décision s’inscrit dans une dynamique amorcée depuis 2017 : officialisation de la pédopsychiatrie, circulaire sur l’inclusion scolaire, recrutement d’auxiliaires de vie scolaire, création d’un site dédié. Le plan autisme 2025–2029 est perçu comme un « grand acquis », à condition qu’il soit suivi d’actes concrets.


Des attentes fortes, des inquiétudes persistantes

Les réseaux associatifs et les familles militantes saluent la reconnaissance institutionnelle, mais soulignent plusieurs points de vigilance :

  • Manque de concertation : de nombreuses associations regrettent de ne pas avoir été consultées en amont, alors qu’elles sont en première ligne depuis des années.

  • Risque de centralisation : la création d’un centre national ne doit pas se traduire par une uniformisation rigide des parcours. Les annexes régionales doivent être autonomes et adaptées aux réalités locales.

  • Pénurie de professionnels spécialisés : orthophonistes, psychomotriciens, éducateurs formés manquent cruellement, et les formations restent insuffisantes.

  • Inclusion des familles : les parents doivent être intégrés dans les parcours thérapeutiques, pour éviter les ruptures affectives et garantir une approche globale.


Une vision centralisée, mais encore floue

Malgré l’ambition affichée, plusieurs zones d’ombre persistent :

  • Absence de chiffres clairs : aucune donnée officielle sur le nombre d’enfants concernés, alors que les estimations évoquent 1 enfant sur 1503.

  • Manque de concertation : les associations de terrain, pourtant en première ligne, n’ont pas été intégrées à l’élaboration du projet.

  • Risques de verticalité : la centralisation des programmes pourrait ignorer les spécificités locales, culturelles et linguistiques.


Inclusion ou normalisation ?

Le discours officiel insiste sur l’inclusion scolaire et professionnelle. Mais derrière cette volonté, se pose une question fondamentale : cherche-t-on à adapter le système aux enfants autistes, ou à adapter les enfants au système ?


L’unification des programmes pédagogiques, si elle n’est pas souple, pourrait aboutir à une forme de normalisation contraire aux principes de neurodiversité.


Des centres, mais quels moyens ?

Les quatre centres régionaux sont en cours d’aménagement. Mais aucune précision n’a été donnée sur le budget alloué. Le recrutement des professionnels spécialisés. La formation continue des équipes éducatives. Sans moyens humains et financiers, ces structures risquent de devenir des coquilles vides.


Ce qu’attendent les familles et les militants

Pour que cette initiative soit réellement transformative, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Transparence sur les données et les financements.

  • Participation active des familles et des associations.

  • Formation pluridisciplinaire et continue.

  • Respect des singularités de chaque enfant.


Si l’État affirme vouloir coordonner les efforts entre santé, éducation et insertion professionnelle, les associations rappellent que l’inclusion ne peut se décréter sans moyens.


Yacine M

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