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Biyouna : la voix insoumise s’est tue, mais son écho résonne encore

  • cfda47
  • il y a 4 minutes
  • 3 min de lecture
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Biyouna, figure indomptable de la scène algérienne et franco-maghrébine, s’est éteinte à Alger à l’âge de 73 ans, laissant derrière elle une œuvre qui aura marqué plusieurs générations. Son parcours, à la fois intime et public, incarne la lutte d’une femme libre dans une société conservatrice où l’art et l’audace étaient souvent perçus comme des transgressions.


Biyouna, née Baya Bouzar, n’a jamais accepté les carcans. Dans une Algérie où la femme devait se taire, elle a choisi de rire, chanter, danser, provoquer. Elle a transformé la scène en champ de bataille, et son corps en arme de liberté.


En France, elle a trouvé un espace plus ouvert, mais n’a jamais renié ses racines. Elle portait l’Algérie dans sa voix, dans ses gestes, dans ses colères. Elle rappelait que l’art algérien est vivant, même quand on veut l’enterrer.


Une vie entre intimité et scène


Née le 13 septembre 1952 à Alger, Baya Bouzar, dite Biyouna, grandit dans une famille modeste où la musique et le théâtre étaient des échappatoires à la dureté du quotidien.


Dans sa vie privée, Biyouna a toujours revendiqué une indépendance farouche. Elle refusait les compromis et les faux-semblants, assumant ses choix artistiques et personnels dans un environnement où les femmes étaient souvent sommées de se taire ou de se conformer.


Une carrière sous le signe de la liberté


Ses rôles, ses chansons, ses apparitions télévisées étaient autant de gifles à une société conservatrice. Elle incarnait la femme qui refuse l’effacement, qui ose dire ce que d’autres n’osaient même penser.


“Je ne suis pas là pour plaire, je suis là pour exister.”


Biyouna n’était pas seulement une actrice : elle était une voix de l’insoumission. Ses rôles, souvent empreints d’humour et de provocation, bousculaient les codes d’une société algérienne marquée par le conservatisme et la censure. Elle incarnait des personnages féminins puissants, parfois outranciers, mais toujours porteurs d’une vérité sociale.


Dans les années 1990 et 2000, alors que l’Algérie traversait une période de violence politique et de crispation morale, Biyouna persistait à monter sur scène et à chanter, défiant les interdits implicites. Son audace lui valut autant d’admiration que de critiques, mais elle ne céda jamais.


Le climat social : une société fermée, une artiste ouverte


Dans les années de plomb, quand l’Algérie se refermait sur elle-même, Biyouna persistait. Elle montait sur scène malgré les menaces, elle riait malgré la peur. Elle a payé le prix de l’audace : critiques, censures, attaques. Mais elle n’a jamais baissé les yeux.


Évoluer dans une Algérie où la femme était souvent reléguée à l’ombre relevait du défi. Biyouna a su transformer cette adversité en force créatrice. Elle a incarné une génération d’artistes qui, malgré les pressions sociales et politiques, ont choisi de rire, de chanter et de jouer pour exister.


Son succès en France, où elle trouva une scène plus ouverte, illustre ce paradoxe : reconnue à l’étranger, elle restait parfois contestée chez elle. Pourtant, elle n’a jamais renié ses racines algériennes, portant haut la culture populaire de son pays et ses accents de liberté.


Héritage et mémoire


Décédée le 25 novembre 2025 à Alger, après une longue lutte contre le cancer, Biyouna laisse un vide immense dans le paysage culturel. Elle aura été une pionnière, une femme qui a osé rire et chanter dans une société qui voulait l’enfermer dans le silence.


Son héritage est celui d’une artiste qui a ouvert des brèches dans le mur du conformisme, offrant aux générations futures un exemple de courage et de dignité.


Biyouna, l’insoumise éternelle


Cet hommage n’est pas seulement celui d’une carrière : c’est celui d’une vie vécue à contre-courant, dans la lumière et la provocation, pour rappeler que l’art est avant tout un acte de liberté.


Nadia B

 
 
 

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