Déchéance de nationalité : une dérive autoritaire sous couvert d’unité nationale
- cfda47
- 26 oct.
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Le projet de loi visant à permettre la déchéance de nationalité pour les Algériens d’origine marque une rupture grave avec les principes fondamentaux du droit et de la citoyenneté. Derrière les discours sur la souveraineté et la sécurité nationale, se profile une logique de punition politique, de stigmatisation et de répression symbolique.
Le projet de loi sur la déchéance de nationalité est porté par des députés du Rassemblement National Démocratique (RND), un parti historiquement proche du pouvoir exécutif algérien. Fondé en 1997, il est souvent considéré comme un parti de soutien au régime, notamment durant les mandats d’Abdelaziz Bouteflika.
En d’autres termes, le RND est un parti de gestion, technocratique, aligné sur les orientations du pouvoir central. Son influence a décliné depuis le Hirak, mais il conserve une présence parlementaire significative.
Une arme contre la dissidence
Ce texte, porté par des députés du RND, prétend cibler les « actes graves commis à l’étranger » ou les « atteintes à l’unité nationale ». Mais dans un contexte où l’expression critique est déjà criminalisée, où les journalistes, militants et exilés sont qualifiés de « traîtres de la maison », cette loi devient une arme contre la dissidence. Elle menace de transformer la nationalité — droit inaliénable — en privilège conditionné à l’allégeance.
Une violation des principes constitutionnels
La Constitution algérienne garantit l’égalité entre citoyens et la protection contre l’arbitraire. Introduire une déchéance de nationalité pour les citoyens d’origine reviendrait à créer une hiérarchie entre Algériens, à instituer une citoyenneté révocable selon des critères politiques. C’est une dérive autoritaire incompatible avec l’État de droit.
Une atteinte à la mémoire et à l’identité
La nationalité algérienne n’est pas un simple statut administratif. Elle est le fruit d’une histoire de lutte, de résistance, de dignité conquise contre la colonisation. La retirer à ceux qui contestent ou dénoncent les dérives du pouvoir, c’est profaner cette mémoire. C’est nier que l’amour de l’Algérie peut s’exprimer dans la critique, dans l’exil, dans l’insubordination.
Une mobilisation nécessaire
Face à cette menace, il est urgent de se mobiliser. Les journalistes, les juristes, les artistes, les citoyens doivent refuser cette logique de bannissement. Défendre la nationalité, c’est défendre le droit à la parole, à la mémoire, à la pluralité. C’est refuser que l’État devienne juge de l’âme patriotique.
Nadia B



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