Economie algérienne : le bricolage érigé en mode de gouvernance
- cfda47
- 19 août
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Derrière la propagande officielle, l’économie algérienne traverse une crise sans précédent. Au lieu de chercher à trouver des solutions, le pouvoir algérien se contente d’un bricolage souvent dangereux pour l’avenir du pays.
Pour illustrer cette politique de bricolage, il suffit de bien observer le retour aux affaires de Kamel Rezig. Le ministre chargé du Commerce extérieur et de la promotion des exportations a déjà un passif : en 2021, il était ministre du Commerce et il s’est illustré, à l’occasion, par une gestion hasardeuse et approximative du Commerce extérieur. Faisant du zèle dans l’application de la recommandation présidentielle portant sur la rationalisation des importations, celui qui a exercé des années durant dans l’enseignement de l’Economie à l’université de Blida a fermé le pays en provoquant des pénuries de toutes sortes. Lait, café, huile de table, pièces de rechanges… manquaient dans les commerces comme dans les ménages. L’économie du pays, qui compte beaucoup sur l’importation, était étouffée. La grogne qu’il a soulevée a poussé Abdelmadjid Tebboune à se séparer d’un ministre qui faisait partie des plus fidèles parmi les membres du gouvernement. Malgré le bilan catastrophique de Kamel Rezig, le chef de l’Etat ne voulait pas sacrifier son ministre. Il l’a nommé conseiller chargé des questions économiques.
Bis repetita. Trois ans après l’avoir limogé, Abdelmadjid Tebboune nomme à nouveau Kamel Rezig comme ministre de Commerce extérieur et de la promotion des exportations. A peine désigné membre du gouvernement, l’enfant de Boufarik, à Blida, a commencé à s’adonner à son sport favori : les restrictions aux importations. Il décrète, ainsi le 9 juillet, une fermeture totale du pays en attendant des plans prévisionnels d’importation. Il a concédé un recul après l’alerte lancée par certains opérateurs économiques sérieux qui ont vu leurs marchandises importées bloquées aux ports. Mais ce n’est que partie remise puisque le ministre persiste et signe : dans une réponse adressée à un député de l’Assemblée populaire nationale qui lui demandait des explications sur les raisons d’une telle décision, Kamel Rezig accuse des importateurs de tricheries. Selon lui, le recours au « plans prévisionnels » d’importation est la seule solution pour « mettre fin » à l’augmentation effrénée des importations. Il ne se soucie pas des alertes des industriels qui sont parfois contraints de recourir à des importations d’urgence.
Épée de Damoclès…
Mais dans cet océan de bricolage, Kamel Rezig n’est qu’un îlot qui attire tous les regards. Car, le problème est ailleurs ; à la tête du pays. On apprend ainsi par différentes sources que pour faire face à la saignée des finances publiques, le chef de l’Etat compte déterrer un mécanisme qui a failli provoquer de graves remous en 2023. A l’époque, une commission intersectorielle enjoignait les responsables de sociétés privées, algériennes et étrangères, à payer de fortes sommes d’argent au risque de poursuites pénales. Le principe était très simple : on faisait le compte des importations supposées d’une entreprise, de production ou commerciale sur une dizaine d’années, et on demandait, de manière autoritaire et arbitraire, à ses dirigeants de verser au Trésor public de grosses sommes d’argent. Cette décision avait poussé des hommes d’affaires à tirer la sonnette d’alarme. La présidente de la CGEA (Confédération générale des entreprises algériennes) Saïda Neghza, aujourd’hui en prison, avait publié une lettre adressée à Abdelmadjid Tebboune pour l’alerter sur les dangers d’une telle décision. Le chef de l’Etat finit par geler la procédure. Mais deux ans après, le palais d’El-Mouradia compte reprendre la même mesure à la rentrée sociale. Et cela risque de mettre en danger des dizaines d’entreprises algériennes et étrangères présentes en Algérie. Cela parce que les autorités ne savent pas comment faire pour renflouer les caisses de l’Etat sans mettre en péril les entreprises. A-t-on au moins pensé aux conséquences ?
E Wakli



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