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El Watan, le miroir d’une presse algérienne à l’agonie

  • cfda47
  • 14 juil.
  • 2 min de lecture
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Après plus de 35 ans d’existence, le quotidien francophone El Watan risque de mettre la clef sous le paillasson. Le plus connu des journaux algériens vit dans une asphyxie financière qui pourrait obliger ses propriétaires à le fermer définitivement. Dans un éditorial intitulé « El Watan menacé de disparition », les responsables de la publication expliquent les raisons qui les ont poussés à alerter l’opinion publique des difficultés auxquelles le journal est confronté. « La plus importante réside dans l’assèchement progressif, depuis une dizaine d’années, de sa principale ressource qui est la publicité. Les annonces émanant du secteur privé se sont considérablement raréfiées, tandis que la publicité du secteur public économique et des institutions étatiques transitant par l’ANEP n’a été disponible que durant quelques mois », indique le document qui fait référence à la sanction dont fait l’objet le journal depuis la publication en 2021 d’une Une portant sur les affaires de corruption présumées dans lesquelles étaient impliquées les enfants de Ahmed Gaid Salah.


Evidemment qu’un mince espoir de voir El Watan paraître durant de longues années encore est toujours de mise surtout si les autorités algériennes acceptent enfin le retour de la publicité étatique. Mais connaissant les us et coutumes du pouvoir et de ses représentants, une telle éventualité est pour le moins compliquée. Pire, même la possibilité de voir des annonceurs privés publier leur publicité dans ce journal relève de l’impossible, les entreprises privées craignant les représailles des autorités. Certaines d’entre elles ont même été obligées de faire transiter leurs annonces par l’ANEP (Agence nationale d’édition et de Publicité) qui distribue cette manne à des journaux que personne ne lit dans leur majorité.


La situation du journal El Watan est symptomatique de celle de la presse algérienne d’aujourd’hui. Evidemment qu’une partie de la responsabilité de la situation actuelle du journal francophone est à mettre sur le dos des actionnaires qui n’ont pas réussi à sanctuariser le média et à le pérenniser. Non pas en passant le virage numérique, parce que créer un site en Algérie relève de l’utopie en l’absence d’un système bancaire moderne. Mais au moins en utilisant une partie des sommes énormes gagnées dans les années 2000 dans d’autres activités qui peuvent mettre le journal à l’abri.


Mais la réalité est là : depuis 4 ans, l’exercice du métier de journaliste est lui-même rendu impossible par les différents coups de sommation tirés par les autorités. Les médias reçoivent carrément l’injonction de se contenter de la propagande officielle, éloignant de fait toute possibilité d’exercer du métier qui sert d’abord à informer. Dans ces conditions, maintenir un média qui essaie d’être sérieux, rigoureux -tout est relatif par ailleurs- est quasiment une œuvre impossible. Cela va encore durer, du moins le temps que l’actuelle équipe au pouvoir demeure en place.


E. Wakli

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