Encore un drame dans un stade algérien: un mort de trop

Un autre drame a endeuillé les stades algériens. Au moins un supporter est décédé et plus d’une dizaine de blessés. C’est le bilan macabre, sanglant d’une soirée de football qui devait se terminer par une fête mais qui a fini dans le deuil ce samedi soir !

A l’issue du match entre le Mouloudia Club d’Alger (MCA) et le NC Magra, comptant pour la dernière journée du championnat de la Ligue 1 algérienne, les supporters du MCA, sacré champion d’Algérie, ont organisé leur craquage habituel en brûlant des milliers de fumigènes. En transe, les fans du club algérois ont dansé, chanté… puis, c’est le drame. Des parties de la barrière métallique de la tribune supérieure du mythique stade olympique du 5-Juillet, à Alger, ont cédé. C’est la panique. Dans le brouhaha, c’est le sauve-qui-peut qui l’emporte. On se bouscule. On se piétine. En chutant, au moins un jeune homme a laissé sa vie et une bonne dizaine est blessée, selon un premier bilan de la Protection civile.

Ce n’est pas la première fois que des morts sont signalés dans les stades algériens ou à l’issue des rencontres. C’est même devenu un marronnier, un fait-divers. Puis, c’est devenu une habitude, un lieu commun qu’on encaisse, qu’on accepte sans sourciller, sans se poser de questions sur le pourquoi et les raisons qui ont poussé à ces drames. Certes, il ne s’agit pas d’une rixe entre supporters ou des violences souvent gratuites que nous connaissons d’habitude. Il ne s’agit pas non plus d’une revendication politique ou sociale. Mais il existe entre cet accident mortel et les morts dans les violences un point commun ; c’est celui de l’indifférence et surtout de l’impunité. Car, dans les deux cas, on préfère pleurer que regarder en face.

Dans ce deuil d’hier, il y a pourtant matière à poser des questions, à interroger ceux qui sont à la charge des infrastructures sportives. Cette arène du 5-Juillet est largement quinquagénaire. Elle vieillit. Elle a subi des travaux de lifting, mais comme un vieil appareil, des travaux d’entretiens réguliers doivent être faits. Mais comme souvent, ceux qui sont aux commandes pêchent par négligence, le laisser-aller qui s’avère coupable. La preuve est donnée par ces images montrant des piliers qui tiennent les barrières rongées par la rouille ! Ne pouvait-on pas savoir ? Une enquête indépendante déterminera qui est responsable de cette situation. Mais un homme est mort. Un drame absolu. Impardonnable.

Cet accident est aussi l’occasion de rappeler une autre vérité : le stade du 5-juillet est trop sollicité, alors que le MCA devait disposer d’un nouveau stade. Mais l’enceinte de Ali-la-Pointe de Douéra n’a ouvert ses portes que lors d’un seul match, durant lequel les supporters de l’actuel champion d’Algérie ont cassé les gradins, présentant de graves défauts, ce qui a nécessité sa fermeture ! Une autre facette de cette négligence qui a coûté des centaines de millions d’Euros au trésor public. Mais cela est une autre question.

E. Wakli