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Exclu du SILA : KOUKOU Éditions dénonce une censure fondée sur un “rapport secret”

  • cfda47
  • il y a 21 heures
  • 3 min de lecture
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Privées une nouvelle fois de participation au Salon du livre d’Alger, KOUKOU Éditions affirme que sa mise à l’écart repose sur un “rapport secret” émanant des services de sécurité.  


Pour la troisième année consécutive, KOUKOU Éditions ne participera pas au Salon international du livre d’Alger (SILA), prévu du 29 octobre au 8 novembre 2025.


L’éditeur, spécialisé dans l’essai politique et le témoignage historique, affirme avoir été exclu sans motif légal et dénonce une dérive administrative transformée en censure politique.  


Dans une déclaration rendue publique le 28 octobre, le directeur de la maison, Arezki Aït-Larbi, annonce que la Chambre d’accusation de la Cour d’Alger a confirmé l’ordonnance de non-lieu rendue par le juge d’instruction, mettant fin à la plainte déposée contre le président de la Commission de censure et le Commissaire du SILA. La plainte, introduite pour “atteinte aux libertés, abus et usurpation de fonctions”, visait à faire reconnaître l’illégalité de l’exclusion répétée de KOUKOU des salons du livre publics.  


Selon M. Aït-Larbi, l’appareil judiciaire a refusé de renvoyer l’affaire devant le tribunal correctionnel, malgré des éléments jugés sérieux par la partie plaignante.

“Par cette décision, la justice refuse un procès public, même si l’instruction a révélé des pratiques occultes, en violation des lois de la République”, écrit-il.  

Lors de son audition le 13 mars 2025, le juge d’instruction aurait tenté de limiter l’affaire à un préjudice matériel, relevant de la compétence du tribunal administratif. L’éditeur dit avoir recentré sa plainte sur le préjudice moral subi par les auteurs empêchés de présenter leurs ouvrages : “Des dizaines d’auteurs algériens (universitaires, médecins, avocats, journalistes, anciens officiers de l’ALN) ont été exclus du SILA et empêchés d’aller à la rencontre de leurs lecteurs.”  


Un “rapport secret” à l’origine de la décision  

Entendu à son tour le 1ᵉʳ juillet 2025, le président de la Commission de censure, Tidjani Tama, a reconnu que la mesure d’exclusion avait été ordonnée par la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, sur la base d’un “rapport secret des services de sécurité”.


Ce document, selon lui, accusait les publications de KOUKOU Éditions d’être “destructrices” et de “porter atteinte à l’image de l’Algérie”.  


Pour M. Aït-Larbi, cette déclaration illustre un abus d’autorité contraire à la Constitution, qui garantit la liberté de publication. Citant l’article 54, il reproche au juge d’instruction de ne pas avoir cherché à vérifier l’existence du rapport ni d’avoir entendu la ministre mise en cause.

“Le juge n’a pas jugé utile d’en vérifier l’existence, encore moins d’entendre la ministre, pourtant gravement mise en cause par son subordonné”, écrit-il, avant d’ajouter :
“Il n’a pas jugé opportun non plus de nous accorder le droit de répliquer à ces allégations calomnieuses, de citer nos témoins, ni de formaliser la constitution de nouvelles parties civiles.”  

Pour KOUKOU Éditions, cette affaire résume un mode de fonctionnement qu’elle qualifie de “lettre de cachet de la police politique, exécutée par un membre du gouvernement et entérinée par des magistrats”. L’éditeur rappelle que sa maison active dans la légalité depuis vingt ans, avec une ligne éditoriale axée sur l’essai politique et le témoignage historique.


Ses publications ont souvent suscité des débats, mais “n’ont jamais donné lieu à des incidents, hormis ceux provoqués par les censeurs clandestins, au SILA et dans les librairies”.  


Enfin, M. Aït-Larbi appelle à “restaurer la hiérarchie des normes juridiques, notamment la primauté de la Constitution sur les rapports secrets”. Il dénonce “les manœuvres clandestines de groupuscules extrémistes qui ont pris les institutions en otage” et réaffirme la volonté de KOUKOU de rester “un espace de liberté pour les auteurs autonomes”.  

 

Amine B.  


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