Figures connues, voix absentes : le CNESE face au miroir de la société
- cfda47
- il y a 17 heures
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Par-delà les titres et les fonctions, la nouvelle composition du CNESE interroge sur les logiques de sélection, les équilibres symboliques et les silences politiques.
La publication au Journal officiel de la liste des 200 membres du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE) a suscité une vague de commentaires dans les cercles médiatiques et citoyens. Si la présence de figures reconnues comme Djalal Bouati (El Khabar) et Kamel Amarni (Le Soir d’Algérie) peut être saluée comme un gage d’ouverture vers les médias, elle ne suffit pas à dissiper les interrogations sur les critères de désignation.
Une composition marquée par les patronymes
La lecture attentive de la liste révèle une concentration de patronymes familiers : enfants, proches ou héritiers de figures politiques, syndicales ou intellectuelles ayant marqué les décennies précédentes. Cette récurrence soulève une question fondamentale : le CNESE est-il devenu un espace de reconduction symbolique plutôt qu’un lieu de renouvellement démocratique ?
Certains noms évoquent des lignées politiques bien établies, d’autres renvoient à des réseaux d’influence dans les sphères économiques ou culturelles. Si la compétence individuelle n’est pas à remettre en cause, la densité de ces patronymes interroge sur la diversité sociale et territoriale réelle de l’instance.
Une représentativité en trompe-l’œil ?
Le CNESE est censé incarner la pluralité de la société algérienne : syndicats, patronat, société civile, universitaires, médias, diaspora… Pourtant, plusieurs secteurs semblent sous-représentés, notamment :
Les mouvements citoyens et les collectifs indépendants.
Les jeunes acteurs de l’économie sociale et solidaire.
Les voix critiques du système, souvent marginalisées.
La présence de personnalités médiatiques peut donner l’illusion d’une ouverture, mais l’absence de figures issues des luttes sociales récentes ou des mobilisations pour la mémoire et la justice affaiblit la portée symbolique de cette mandature.
Une instance consultative sous contrôle ?
Le CNESE, dans sa mission, est censé éclairer les politiques publiques par des avis indépendants. Or, la composition actuelle laisse craindre une forme de verrouillage institutionnel, où les voix trop dissonantes seraient écartées au profit de profils consensuels ou proches du pouvoir.
La nomination par décret, sans consultation publique ni audition transparente, renforce cette impression d’entre-soi. Le risque est grand que le CNESE devienne une chambre d’écho plutôt qu’un laboratoire d’idées.
La nouvelle composition du CNESE reflète une volonté de visibilité et de pluralisme apparent, mais elle soulève des questions profondes sur la représentativité, l’indépendance et la capacité de l’institution à incarner les aspirations citoyennes. Dans un contexte de réformes et de tensions sociales, le besoin d’instances réellement ouvertes, critiques et symboliquement fortes n’a jamais été aussi urgent.
Nadia B