L’Algérie prête à réactiver la peine de mort
- cfda47
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 19 heures

Suspendue depuis 1993, la peine de mort pourrait faire son retour en Algérie, sur fond de recrudescence des crimes violents et d’un appel officiel à une justice plus ferme.
Trois décennies après sa suspension, la peine capitale pourrait de nouveau être appliquée en Algérie. Le président de la Cour de Béjaïa affirme que le pays se prépare à la rétablir pour les crimes les plus graves, sur fond d’émotion populaire face aux affaires d’enlèvements et de violences qui se multiplient.
Lors d’une cérémonie officielle, le président de la Cour de Béjaïa, Smati Mustapha, a déclaré que
“l’Algérie se prépare à rétablir l’application de la peine capitale pour les crimes les plus graves”.
Selon lui, les juridictions ont récemment franchi “un tournant” en prononçant plusieurs condamnations à mort, signe d’un changement de cap judiciaire.
Suspendue depuis 1993, la peine de mort reste inscrite dans le code pénal algérien, mais n’était plus exécutée depuis plus de trente ans. Le magistrat a précisé que sa mise en œuvre concernerait exclusivement les auteurs d’enlèvements d’enfants et les trafiquants de drogue opérant près des établissements scolaires.
Cette annonce intervient dans un contexte de forte émotion collective. Ces dernières années, plusieurs crimes d’une rare violence ont bouleversé le pays. Les affaires d’enfants kidnappés puis assassinés, à Tizi Ouzou, Oran et plus récemment Constantine, ont relancé la demande sociale d’une justice exemplaire. Des pétitions en ligne et des appels de familles endeuillées ont régulièrement réclamé le retour de la peine capitale.
Parallèlement, les autorités dénoncent la prolifération de trafics de stupéfiants touchant désormais les quartiers urbains et même les abords d’écoles. Des réseaux démantelés à Alger, Annaba ou Mostaganem ont mis en lumière l’ampleur d’un phénomène que le pouvoir présente comme une menace directe à la sécurité nationale.
Le président Abdelmadjid Tebboune avait lui-même, lors de l’ouverture de l’année judiciaire à la Cour suprême, plaidé pour “une justice ferme et protectrice” face aux crimes les plus graves. La déclaration du magistrat de Béjaïa apparaît comme une traduction judiciaire de cette orientation politique.
Mais la perspective d’un retour effectif de la peine de mort devrait susciter de vives réactions des organisations de défense des droits humains, qui y verront un recul des garanties judiciaires. Ces dernières pourraient rappeler que l’Algérie, bien que non abolitionniste, observe depuis 1993 un moratoire salué par la communauté internationale.
Pour les partisans du rétablissement, la mesure répond à une exigence de dissuasion dans un climat d’inquiétude sécuritaire. Pour ses opposants, elle signifierait au contraire un retour en arrière et une rupture avec la dynamique d’humanisation du droit pénal engagée depuis les années 2000.
Amine B.
Commentaires