L’artiste kabyle « Assalas » retrouve la liberté : retour sur une incarcération politique
- cfda47
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Après plusieurs mois d’incarcération, Omar Ait Yahia, styliste et professeur de danse connu sous le nom d’Assalas, a retrouvé la liberté. Sa sortie de prison, filmée à l’aéroport d’Alger et largement relayée sur les réseaux sociaux, marque un tournant dans le combat pour la liberté d’expression artistique en Algérie.
Assalas a été ciblé non pour des actes violents, mais pour son expression artistique et son identité kabyle affirmée. Son arrestation s’inscrit dans une vague plus large de poursuites contre des artistes, militants et intellectuels kabyles.
« Ce n’est pas seulement un homme qu’on a voulu faire taire, c’est une culture qu’on a voulu bâillonner », témoigne un proche.
Depuis plusieurs années, et particulièrement depuis la classification du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) comme organisation « terroriste » en 2021, les autorités algériennes ont intensifié leur répression contre les citoyens kabyles. Malgré cette répression, la Kabylie reste un foyer de résistance culturelle et politique.
Un artiste entre deux mondes
Installé à Paris, Assalas incarne une génération d’artistes kabyles qui mêlent création contemporaine et mémoire culturelle. Styliste engagé, chorégraphe audacieux, il a toujours revendiqué une esthétique libre, enracinée dans les traditions amazighes tout en dialoguant avec les codes de la scène internationale.
Son arrestation en avril 2024 à l’aéroport Houari Boumediene, alors qu’il rentrait pour des raisons familiales, a été vécue comme un choc.
Accusé d’« appartenance à une organisation terroriste » en lien avec le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Assalas a été condamné à 18 mois de prison ferme. Une peine jugée disproportionnée et politiquement motivée par de nombreux observateurs.
Une détention dénoncée comme arbitraire
Durant son incarcération à la prison de Tizi-Ouzou, plusieurs collectifs artistiques, militants et défenseurs des droits humains ont dénoncé une répression ciblée contre les voix dissidentes kabyles. Des campagnes de soutien ont fleuri en France, en Kabylie et sur les réseaux sociaux, exigeant sa libération et celle de nombreux détenus d’opinion.
« Assalas n’est pas un terroriste. C’est un créateur, un passeur de mémoire, un homme libre », déclarait en mai dernier un collectif d’artistes amazighs basé à Paris.
Une libération symbolique
La libération d’Assalas, survenue en octobre 2025, est perçue comme une victoire partielle contre la criminalisation de l’expression artistique et identitaire. À sa sortie, l’artiste a remercié ses soutiens et affirmé son engagement à poursuivre son travail de création et de transmission.
Son retour à Paris pourrait marquer le début d’une nouvelle phase de mobilisation : expositions, performances, témoignages. Assalas devient une figure de la résistance culturelle, à l’image d’autres artistes kabyles qui ont payé le prix fort pour leur liberté.
L’art comme acte de mémoire
Au-delà de son cas personnel, l’affaire Assalas soulève des questions fondamentales : quelle place pour l’art dans une société en tension ? Comment protéger les créateurs face à l’arbitraire ? Et surtout, comment faire vivre la mémoire kabyle dans un contexte de répression ?.
Son parcours rappelle que l’art peut être un acte politique, un espace de dignité et de transmission. Et que chaque costume, chaque chorégraphie, chaque mot porté sur scène peut devenir un cri de liberté.
« Il est libre, Assalas. Mais à quel prix ? », publie ainsi une artiste algérienne.
Nadia B
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