Justice : L’ANEP ou quand l’argent public sert exclusivement les intérêts du Pouvoir politique
- cfda47
- il y a 7 heures
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Lors du procès en première instance de l’Agence nationale de l’édition et de la Publicité (ANEP), les anciens dirigeants du secteur, à savoir deux anciens ministre Djamel Kaouane et Hamid Grine et le PDG de la régie publicitaire, Amine Echikr, ont fait des révélations qui en disent long sur la gestion publicitaire et surtout sur comment les deniers publics étaient dilapidés, sans réel contrôle. La justice les a condamnés à de très lourdes peines de prison, allant jusqu’à 10 ans pour Amine Echikr.
Les anciens responsables, qui tournaient dans le giron de la direction de campagne de l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, ont tous les deux dit publiquement ce que tout le monde savait : la publicité étatique « se donnait » par téléphone ! Des milliards de fonds publics (il s’agit exclusivement de l’argent public à partir du moment où la publicité provenait surtout des établissements, administrations et organismes étatiques), étaient ainsi distribués sans aucun critère sérieux et objectif.
« L’ANEP répondait à des critères commerciaux », a estimé Amine Echikr devant la juge tout en rappelant, à juste titre, qu’il n’existe pas de loi sur la publicité.
Ce que n’ont pas dit ces anciens responsables est que la situation n’a pas changé. Le procès de l’ANEP concerne uniquement la période d’avant 2020, donc antérieure à la venue de l’actuelle équipe au pouvoir. Pour le profane, la situation a changé et l’argent public est désormais entre de bonnes mains. Que nenni ! S’il est difficile de prouver des actes malveillants des dirigeants actuels de l’ANEP -qui changent d’ailleurs très rapidement à l’instar des responsables d’autres organismes publics- les échos qui proviennent des médias disponibles sur la scène prouvent que non seulement les pratiques n’ont pas changé, mais elles ont été élargies, voire aggravées dans certains cas.
Des dizaines de titres, des journaux papier ou des sites d’informations, ont été crées ces dernières années. Sans lecteurs, souvent sans journalistes ou avec des salariés sous-payés, ces entreprises médiatiques bénéficient pourtant d’une manne publicitaire considérable. Comble de l’ironie, de vrais médias qui emploient un nombre appréciable de journalistes et qui sont diffusés à une échelle acceptable, ne bénéficient pas de cet argent public juste parce qu’ils refusent de faire de la propagande. Ce genre de médias n’existe presque plus. La preuve est donnée par le site Twala qui a été suspendu de diffusion deux semaines durant juste parce qu’il a publié un article critique sur la communication institutionnelle.
Cette situation démontre plus généralement la manière avec laquelle sont gérés les deniers publics. Chaque dirigeant qui vient utilise cette manne pour nourrir sa clientèle, en attendant d’être jugé par son successeur !
Essaïd Wakli
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