Pour une République d’alternance : Belkhadem relance le débat sur les mandats
- cfda47
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L’appel de Belkhadem à supprimer la limitation des mandats présidentiels relance un débat crucial, mais dans un contexte politique verrouillé, il risque de servir davantage le pouvoir que la démocratie.
Supprimer la limitation des mandats présidentiels dans un contexte politique verrouillé revient à légaliser la confiscation du pouvoir. Ce n’est pas une avancée démocratique, mais une régression institutionnelle. Loin de garantir le libre choix du peuple, cette réforme affaiblit les mécanismes d’alternance, nourrit la personnalisation du pouvoir, et tourne le dos à la mémoire du Hirak. Elle transforme le débat constitutionnel en outil de légitimation, au lieu d’en faire un levier de refondation républicaine.
L’intervention d’Abdelaziz Belkhadem, ancien chef du gouvernement et figure du FLN, en faveur de la suppression du verrou constitutionnel limitant les mandats présidentiels à deux, s’inscrit dans une longue tradition de manœuvres politiques visant à pérenniser le pouvoir exécutif en Algérie. Bien qu’il ait affirmé par le passé que « la limitation des mandats n’est pas importante en soi » et que « le plus important est de laisser le peuple choisir librement », son positionnement actuel soulève des interrogations profondes sur les intentions réelles derrière cette relance du débat.
Un débat piégé
Dans une démocratie vivante, discuter de la durée des mandats est sain. Mais dans un paysage politique ravagé, où les partis sont neutralisés, les médias domestiqués, et la parole critique criminalisée, ce débat devient une mascarade. Il ne vise pas à renforcer la souveraineté populaire, mais à préparer l’opinion à une présidence sans fin.
Supprimer la limitation des mandats est perçu comme un retour en arrière, contraire aux principes d’alternance et de limitation du pouvoir. Cela fragilise les garde-fous institutionnels censés empêcher la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme.
Le précédent Bouteflika : une leçon oubliée ?
En 2008, la Constitution de 1996 a été violée pour permettre à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat. Puis un quatrième, malgré son état de santé. Et enfin un cinquième, avorté par le Hirak. Ce glissement vers une présidence à vie a tué l’alternance, affaibli les institutions, et nourri la défiance populaire.
Aujourd’hui, on voudrait récidiver ? Ouvrir la voie à une monarchisation du pouvoir sous couvert de débat constitutionnel ?
Après le Hirak, la jeunesse algérienne attendait des réformes profondes, pas une restauration des pratiques autoritaires. Cette proposition est vécue comme une trahison des aspirations populaires à une République fondée sur des principes, pas sur des présidences à vie.
Ce que le peuple réclame
Des institutions fortes, pas des hommes forts. Une alternance réelle, garantie par la Constitution. Un débat libre, pluraliste, et transparent et une presse indépendante, capable d’informer sans peur.
Refuser toute réforme constitutionnelle qui affaiblit les garde-fous démocratiques. Mobiliser les consciences autour de la mémoire du Hirak et des luttes pour l’alternance. Exiger des garanties institutionnelles avant toute révision constitutionnelle. Défendre le droit à la parole, à la critique, et à la pluralité. Pour une République de principes, pas de présidences à vie.
Yacine M