Féminicide: Quand la violence patriarcale s'invite à la veille de l’Aid
- cfda47
- 2 avr.
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Dernière mise à jour : 6 avr.

C'était un soir comme tant d'autres pendant le mois sacré de Ramadan, à la veille de l'Aïd El-Fitr. Les familles se préparaient à rompre le jeûne, les tables se dressaient pour cette soirée particulière qui annonçait la fin du mois sacré, et dans le quartier des 1000 logements de Sétif, une mère protégeait simplement son enfant. Yousra Ben Ammar, 29 ans, ne savait pas que son geste maternel allait lui coûter la vie.
Le 29 mars 2025, alors que le soleil déclinait sur l'horizon, annonçant l'appel imminent à la prière du Maghreb, Yousra s'est trouvée confrontée à une situation apparemment banale: son frère souhaitait jouer avec sa petite fille. Son refus, manifestation de son autorité maternelle, ne méritait certainement pas ce qui a suivi.
Dans l'appartement familial, ce qui aurait dû être un moment de partage et de spiritualité s'est transformé en scène d'horreur. Un couteau, un geste irréparable, et une vie s'est éteinte. La lame qui a transpercé les reins de Yousra a également lacéré le tissu social d'une société où trop de femmes perdent la vie pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux.
Les vies derrière les statistiques
Yousra n'est pas qu'un nom sur une liste. Elle est la huitième femme assassinée en Algérie depuis le début de cette année 2025, selon le décompte macabre tenu par l'association Féminicide Algérie. Huit vies en moins de trois mois. Huit familles brisées. Huit histoires interrompues.
La violence n'a pas épargné le reste de la famille. La mère de Yousra lutte maintenant entre la vie et la mort dans une unité de soins intensifs, tandis que son père porte également les marques physiques de cette explosion de violence. Une petite fille a perdu sa mère, pour toujours.
Le récit commode de la folie passagère
“Il était stable avant le début du Ramadan, puis il a développé une dépression nerveuse”, racontent les médias locaux à propos du frère meurtrier. Cette narration, trop souvent utilisée, déresponsabilise les auteurs de violences et obscurcit la réalité systémique des féminicides.
Comme le souligne l'association Féminicide Algérie, ces suppositions sur l'état mental des agresseurs, formulées sans expertise médicale, servent fréquemment à excuser l'inexcusable. Elles détournent l'attention des véritables enjeux : le contrôle exercé sur les corps et les décisions des femmes, l'impunité dont jouissent encore trop souvent les auteurs de violences, et l'urgence d'une réponse sociétale concertée.
Sophie K.



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