Gérald Darmanin au sujet de la rente mémorielle: «la France n’a pas à s’en excuser»
- cfda47
- 16 avr.
- 3 min de lecture

Les relations franco-algériennes ont rarement été au beau fixe. Et cette année, elles sont pour le moins encore plus dégradées. Invité de la chaine d'information CNEWS, Gérald Darmanin, a évoqué ce mercredi, la crise avec le régime algérien et le sujet de la rente mémorielle. « Le passé est le passé, et la France n’a pas à s’en excuser », a martelé le ministre de la Justice.
Les vieux démons qui hantent les relations entre l'Algérie et la France se sont réveillés. Apres avoir annoncé en début d'année vouloir « supprimer » l’accord intergouvernemental franco-algérien de 2013 qui permet à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa. Le garde des Sceaux, considère désormais la guerre d'Algérie comme « Un passé » pour lequel la France « n'a pas à s'en excuser ». «Ce bras de fer va durer longtemps », a souligné Gérald Darmanin, au sujet de la crise avec Alger. Le ministre indique « soutenir Bruno Retailleau dans ses décisions ».
Pour rappel, le président français a officiellement confié à Benjamin Stora une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien ». Dans une démarche parallèle, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait annoncé avoir nommé Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre National des Archives Algériennes, pour mener un travail de « vérité » sur les questions mémorielles entre les deux pays.
« La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. ». C'était le 15 février 2017, Emmanuel Macron, alors en campagne pour le fauteuil présidentiel, déclenchait une tempête en France en tenant des propos inédits dans la bouche d’un responsable politique français sur l’antenne d’une télévision algérienne. Pour lui, il en va aussi « de la possibilité pour notre jeunesse de sortir des conflits mémoriels ».
Amorcée en 2017, la démarche mémorielle du Président français, qui souhaite apaiser les « blessures » entre les deux pays de la Méditerranée depuis la fin de la guerre, en 1962, a poussé les responsables politiques, de la gauche à l’extrême droite, à se référer, à maintes reprises, à l’histoire de l’Algérie, parfois en l’interprétant ou en la réécrivant. « En France, il y a aussi une rente mémorielle, car l’histoire est un enjeu considérable », constate l’historien Benjamin Stora.
Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a reconnu que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien « mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France ». Il a aussi honoré les harkis, ces combattants algériens ayant servi la France puis ont été abandonnés par Paris dans des conditions tragiques. C'est ainsi que le 16 octobre 2021, Emmanuel Macron s’incline devant la mémoire des victimes algériennes du massacre du 17 octobre 1961 à Paris.
Un pas de plus vers une réconciliation mémorielle ou une occasion ratée, les avis divergent
La tension entre Paris et Alger ne retombe toujours pas. Jamais sans doute depuis les années 1960, le conflit algérien n’a tenu une telle place dans les débats politiques français, où se mêlent crise migratoire, liberté d'expression, nostalgie coloniale et diplomatie. Coté algérien, le régime exploite encore et toujours la rente mémorielle.
Nadia B
Comments