Hakim Addad condamné: le co-fondateur du RAJ face à une justice contestée
- cfda47
- 12 avr.
- 2 min de lecture

Le tribunal d'Alger a rendu son verdict ce jeudi dans l'affaire Hakim Addad, figure emblématique du militantisme et un des fondateurs du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ). L'activiste a été condamné à un an d'emprisonnement ferme et à une amende de 250 000 dinars, une décision perçue par de nombreux observateurs comme ayant une forte dimension politique.
Hakim Addad avait déjà été condamné par contumace en 2021 à un an de prison ferme. Lors de cette nouvelle audience, le militant a dû faire face non seulement au ministère public, qui avait requis deux ans d'emprisonnement ferme assortis d'une amende de 50 000 dinars, mais également à une avocate représentant les autorités qui réclamait une peine de prison ferme et 200 000 dinars d'amende.
Dans un geste symbolique marquant son refus de cautionner un système judiciaire qu'il considère comme instrumentalisé, Hakim Addad a choisi d'assurer seul sa défense. Cette posture, saluée pour sa dignité, reflète l'engagement qui a caractérisé son parcours militant.
Face à ce verdict, Hakim Addad a d'ores et déjà annoncé son intention de faire appel.
RAJ: histoire d'une dissolution controversée
Fondé en 1992, le Rassemblement Actions Jeunesse était devenu au fil des années l'une des organisations les plus influentes de la société civile algérienne. L'association s'était particulièrement illustrée lors du mouvement Hirak, contribuant à la mobilisation pro-démocratique qui avait conduit à la démission du président Abdelaziz Bouteflika en 2019.
En octobre 2021, dans un contexte de durcissement du pouvoir algérien envers les voix dissidentes, le RAJ a été dissous par décision judiciaire. Cette dissolution a été définitivement confirmée par le Conseil d'État le 23 février 2023, marquant un tournant significatif dans la répression des forces d'opposition en Algérie.
Les autorités ont justifié cette mesure en accusant l'organisation de violer la loi 12/06 sur les associations et de mener des activités contraires à ses statuts, notamment en entretenant des liens avec des partis politiques et des associations étrangères. Des accusations systématiquement rejetées par le RAJ, qui les a qualifiées de prétextes visant à sanctionner son engagement dans le mouvement populaire.
Un engagement citoyen sanctionné
Depuis sa création, le RAJ s'était donné pour mission de mobiliser les jeunes autour des questions de citoyenneté, de démocratie et de droits humains. L'association avait développé de nombreuses initiatives sociales et culturelles visant à promouvoir l'engagement citoyen au sein de la jeunesse algérienne.
Cependant, depuis l'émergence du Hirak en 2019, plusieurs membres de l'organisation ont fait l'objet d'arrestations et de poursuites judiciaires, notamment son président Abdelouahab Fersaoui et son fondateur Hakim Addad. Ces mesures s'inscrivent dans ce que de nombreux observateurs des droits humains décrivent comme une stratégie délibérée d'affaiblissement des mouvements d'opposition.
Sophie K.
Comentarios