L’Algérie sur la liste noire de l’UE : entre pressions internationales et quête de souveraineté
- cfda47
- 10 juil.
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Le Parlement européen a validé, ce 10 juillet 2025, l’ajout de l’Algérie à la liste des pays tiers présentant un risque élevé en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Cette mise à jour s’inscrit dans la lignée des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), organe mondial de lutte contre le blanchiment d’argent, et dans une stratégie plus large de l’UE visant à protéger son système financier et à harmoniser ses mesures avec les standards internationaux. Malgré des efforts et un plan d’action mis en œuvre par le régime algérien depuis 2024, plusieurs lacunes persistent.
Le vote du Parlement européen du 10 juillet 2025 actant l’ajout de l’Algérie sur la liste des pays tiers à haut risque en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme suscite une onde de choc politique et diplomatique. Derrière ce classement se cache une reconfiguration des relations euro-maghrébines, teintée de tensions stratégiques, d’intérêts économiques et de luttes d’influence.
D’autres pays comme Monaco, le Liban ou le Venezuela ont également été ajoutés, tandis que des États comme les Émirats arabes unis ou le Sénégal ont été retirés de la liste.

Pourquoi l’Algérie est visée ?
Officiellement, cette inscription répond aux critères du Groupe d’action financière (GAFI). Mais au-delà du jargon juridique et des exigences techniques, c’est une véritable mise sous pression diplomatique que subit Alger. En ciblant les failles du système financier algérien, l’Union européenne envoie un signal fort sur la nécessité de réformes plus rigoureuses. Or, en Algérie, cette mesure est perçue comme une atteinte à la souveraineté et une stigmatisation injustifiée.
Depuis 2024, l’Algérie tente de se conformer aux standards internationaux en renforçant son arsenal réglementaire. Pourtant, plusieurs lacunes ont été relevées :
Absence de supervision rigoureuse sur certains secteurs sensibles (immobilier, commerce informel…)
Faiblesses dans l’identification des bénéficiaires effectifs des sociétés
Insuffisance des mécanismes de gel des avoirs liés au terrorisme
Régulation limitée des associations et fondations pouvant servir de canal de financement illicite
Ces faiblesses ont motivé son classement parmi les juridictions représentant une menace pour l’intégrité du système financier de l’Union européenne.
Conséquences pour l’Algérie
L’Algérie revendique une posture indépendante, notamment sur les questions sécuritaires et économiques. Ce classement la contraint désormais à renforcer sa transparence, au risque de voir sa marge de manœuvre diplomatique réduite face aux standards occidentaux.
Les autorités algériennes devront jongler entre les impératifs du GAFI et une opinion publique sensible à toute ingérence étrangère.
L’inscription sur cette liste entraîne des répercussions concrètes :
Des contrôles renforcés sur les transactions impliquant des entités algériennes
Une méfiance accrue des banques européennes et internationales
Risques de retrait ou suspension de certains investissements étrangers
Difficultés administratives pour les opérateurs économiques algériens dans les échanges avec l’UE
Dans le Maghreb : cette décision pourrait affecter les relations avec les pays voisins qui cherchent à renforcer leur attractivité financière.
Pour l’Union européenne : elle affirme sa volonté d’harmoniser son dispositif de lutte contre les flux financiers illicites.
À l’international : des partenaires comme la Russie, la Chine ou la Turquie pourraient renforcer leurs liens avec l’Algérie en réaction à cette mise à l’écart occidentale.
La décision reflète la volonté de l’UE de s’aligner sur les critères du GAFI, tout en protégeant ses marchés financiers contre les menaces transnationales.
Réactions politiques et diplomatiques
Laurence Trochu, députée européenne membre du groupe PPE, a salué cette mesure comme “une victoire pour la transparence et la sécurité financière”. Côté algérien, des responsables dénoncent une “décision politisée” et appellent à un dialogue technique avec les institutions européennes.
Malgré la crispation, cette situation peut ouvrir la voie à un dialogue technique et diplomatique plus approfondi. L’objectif : accompagner l’Algérie dans sa mise à niveau sans tomber dans une logique punitive. Des partenariats renforcés, des mécanismes d’appui et une meilleure lisibilité des attentes européennes seront essentiels pour éviter une rupture.
Yacine M



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